De la Seconde Guerre mondiale aux années 1960

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« De la Seconde Guerre mondiale aux années soixante »: cette dernière partie comporte quatre articles:

Geneviève Chovrelat-Péchoux, dans « Correspondance Triolet/Camus : l’Étranger majuscule ou les illusions perdues ? », analyse au fil de l’échange épistolaire des deux auteurs résistants, un texte oublié : Quel est cet étranger qui n’est pas d’ici ? ou Le Mythe de la baronne Mélanie ; il s’agit d’une réponse littéraire au Mythe de Sisyphe d’Albert Camus pour le moins surprenante : l’écrivaine y est ramenée, selon l’air du temps, à son rang de femme et d’épouse d’Aragon.

Dans « La géante et la fée. Splendeurs et misères de la rêveuse dans les Dessins animés d’Elsa Triolet », Louise Cloutier-Guillemot s’attache à un étrange petit livre, peu connu, publié dans l’immédiat après-guerre, Dessins animés ; entre réel et rêve se joue pour la géante et la fée un art de la fugue dans le point et le contrepoint d’une Libération hantée par des fantômes. Les dessins de Raymond Peynet renforcent l’idée que seul l’amour sauve en temps de désenchantement.

Dans son article intitulé « La postérité littéraire et politique d’Elsa Triolet », Marine Duval, embrasse Résistance, Libération et postérité : elle a le grand mérite de rappeler qu’Elsa Triolet ne s’est pas contentée d’être la muse d’un poète mais qu’elle a œuvré, au péril de sa vie, par sa plume et ses actes à la Libération de la France. Elle interroge les représentations de l’écrivaine résistante en « trois étapes chrono-thématiques : l’engagement clandestin, la reconnaissance officielle et le devenir posthume » pour lequel elle relève le paradoxe suivant : bien que Juive et Résistante exemplaire, Elsa Triolet, première lauréate féminine du prix Goncourt, n’est pas reconnue officiellement comme elle mériterait de l’être pour diverses raisons tant idéologiques que culturelles.

Alain Trouvé, dans « Les années 1960 dans l’œuvre d’Elsa Triolet : écriture littéraire et pensée théorique » aborde un aspect fort peu approfondi, Elsa Triolet théoricienne. En analysant les romans de la maturité, de L’Âge de nylon au Rossignol se tait à l’aube, en passant également par son essai La Mise en mots, il fait comprendre comment Triolet a « pensé la théorie par le roman » en mêlant à l’écriture narrative une pensée de l’écriture et de la lecture. L’« arrière-texte » auctorial et lectoral, qu’elle a contribué à définir, rassemble aussi bien l’inconscient que l’espace et le temps dans lesquels l’œuvre se crée, la création métamorphosant aussi la vie qui l’a créée.


E. C.

Docteur en histoire, Chercheur associé au Centre d’Histoire sociale des mondes contemporains (Paris-I), Professeur en lycée.