Corinne Grenouillet : Lecteurs, lectures et réception du texte romanesque. Étude sémiologique d’un cas : Les Communistes d’Aragon

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Résumé de la thèse

À partir des problèmes soulevés par l’esthétique de la réception (Hans-Robert Jauss et Wolfgang Iser), lecture et lecteurs sont replacés dans une perspective sémio-linguistique : la lecture est une situation de communication spécifique et le texte, un potentiel susceptible d’actualisations variables selon la compétence du lecteur. Celle-ci est déterminée par des facteurs qui ne sont pas simplement littéraires, mais sociologiques et politiques. Par ailleurs, le rôle des critiques littéraires est essentiel, puisqu’ils fabriquent la valeur littéraire et déterminent en partie l’horizon d’attente et les jugements des lecteurs “profanes ». Partant, on se propose de questionner, dans un premier temps, le péritexte des Communistes d’Aragon. Une première actualisation est dès lors suscitée : Les Communistes est un roman à thèse. La lecture qui en fut réellement faite lors de sa parution en 1949-1950-1951, est replacée dans son contexte socio-politique. La place du PCF dans la société française de l’époque, ainsi que ses positions en matière culturelle permettent de comprendre les enjeux de la rencontre entre Aragon et ses lecteurs, en juin 1949. La réception du texte est donc historiquement et idéologiquement marquée. L’analyse d’un corpus d’articles de presse saluant la parution du roman montre à quel point les militants s’y sont vus comme en un miroir élogieux. De surcroît, le roman a été prétexte à une (re)définition du rôle de l’écrivain communiste et de la production qu’on attendait de lui. Ce discours militant est envisagé sur le plan énonciatif : une certaine rhétorique le caractérise, avec une présence très forte de l’ennemi, face auquel se met en place un « nous » communautaire. L’étude des articles non communistes, en nombre restreint, montre une réception plus contrastée .En dernier lieu, l’étude du roman est menée par une entrée inédite : celle du lecteur fictif, c’est-à-dire le personnage représenté en train de lire des journaux ou des romans. Les lectures fictives permettent de caractériser le personnage romanesque : ainsi, elles sont un des traits sémiotiques fondamentaux de sa définition. Par ailleurs, elles font émerger les riches réseaux intertextuels qui sillonnent le roman et en nourrissent l’écriture : intertextes littéraires ou historiques, ils peuvent devenir des éléments de la psyché du personnage. Dans le même temps, les lectures fictives se posent comme lieu d’insertion de l’idéologique, puisque les 2.personnages évaluent leur lecture. C’est donc la “ligne” du Parti qui s’inscrit de la sorte dans le roman et le lecteur fictif propose un modèle de comportement et d’actions au lecteur réel. La thèse comporte une bibliographie, un index des noms propres et titres de périodiques cités, ainsi 3.que des annexes (résumé, tableau de correspondances entre les deux versions du roman et biographie des critiques cités).
Cette thèse, remaniée, est parue en 2000 aux Presses universitaires de Franche-Comté sous le titre Lecteurs et lectures des Communistes d’Aragon. Corinne Grenouillet Télécharger le livre Lecteurs et lectures des Communistes d’Aragon : _Grenouillet_Corinne_Lecteurs_lectures_des_Communistes_2000.pdf Lecteurs et lectures des Communistes d’Aragon , Presses universitaires franc-comtoises, 2000

Table des matières

Introduction Première partie : la réception et son contexte Chapitre I : Avant-lire 1. L’entour du texte, 23 1.1. « L’air de cette époque » 1.2. « Le roman de France » 2. Un roman à thèse, 29 2.1. Un roman réaliste et didactique 2.2. « Une autre espèce humaine » Chapitre II : L’édition et la distribution communistes 1. La politique culturelle du Parti Communiste et les positions d’Aragon, 35 1.1. La jdanovisation culturelle 1.2. Un patrimoine national 1.3. La défense du roman politique 2. Les conditions de diffusion de l’œuvre, 40 2.1. La Bibliothèque Française et les Éditeurs Français Réunis 2.2. Succès des Communistes ? 2.3. La vente militante : Les Batailles du Livre et la vente du CNÉ, 45 2.4. La Grange-aux-Belles, 17 juin 1949, 50 2.4.1. Les militants au miroir du roman 2.4.2. Les donneurs de leçons 2.4.3. Autocritique d’un écrivain 2.4.4. Rôle de l’écrivain communiste et résistance d’Aragon Deuxième partie : Le discours des experts, une réception historiquement et idéologiquement marquée Chapitre III : la critique militante 1. Auteurs, journaux et revues, 73 L’Humanité Les Cahiers du Communisme La Pensée La Nouvelle Critique Action Les Lettres françaises Europe 2. Lecture des Communistes, 80 1. L’éloge du livre 2. L’intellectuel de type nouveau 3. Une nouvelle littérature 4. Une nouvelle esthétique : le réalisme socialiste Un livre optimiste Un livre utile Une conception scientifique de la littérature 5. Une lecture référentielle et politique du texte,91 Du réalisme à la réalité Un livre « vrai » Un manuel d’histoire Les personnages et leurs doubles : L’exemple d’Orfilat Notre histoire : l’hymne au parti et à ses héros La Geste du Parti, tome par tome 6. Une “mauvaise” réception chez les communistes ?, 109 Louis Martin-Chauffier Gaston Monmousseau André Wurmser Tome V : un livre difficile 7. Une lecture littéraire, 114 Le style invisible Les Communistes, la littérature réaliste et Le Monde réel 3. Rhétorique stalinienne, 121 1. “Nous autres” 2. L’ennemi 3. Figures de style Chapitre IV : la presse non communiste 1. Une œuvre de propagande ?,138 2. L’Histoire, 139 3. Personnages et pilotis, 141 4. La critique du style, 144 5. Deux lectures littéraires, 146 Chapitre V : L’évolution de la réception 1. Les historiens, 149 2. 1958 : relecture des Communistes par la critique, 155 3. L’écrivain et la réception de son œuvre, 156 a. La critique “scientifique” b. Les Communistes et La Semaine sainte c. Les Communistes et Aurélien 4. « Ce roman, inachevé comme la vie, comme ma vie », 163 Troisième partie : la lecture fictive dans Les Communistes 1. Représentation de la lecture dans Les Communistes, 171 2. Effet de réel, 173 Chapitre VI : Les lectures, Signe du personnage romanesque 1. Romain Visconti entre Barrès et Hitler, 177 2. Les communistes, des « perdus de lecture », 181 2.1. « Je veux peindre la France une mère affligée… » 2.2. Les romans recommandables 2.2.1. Jules Vallès 2.2.2. Et l’acier fut trempé et le réalisme socialiste 2.3. La lecture des journaux, 195 2.3.1. Dans le sillage de Maurras 2.3.2. Gringoire 2.3.3. L’Époque 2.3.4. Les autres journaux Le Matin Paris-Soir L’Intransigeant L’Œuvre 5. L’Humanité Chapitre VII : Les lectures, moteur de l’évolution idéologique du personnage 1. Cécile, 213 2. Jean de Moncey : de Michel Vieuchange à Karl Marx, 216 3. Sous le signe de Rimbaud, 225 Chapitre VIII : Les lectures, “faire” du personnage 1. La lecture fictive et la citation, 229 2. Citations littéraires et commentaires, 231 2.1. Valéry 2.2. Racine 2.3. Victor Hugo 2.4. La citation tronquée des gens bien élevés 2.5. La poésie en guerre : Saint-John Perse et Rimbaud 2.6. Le souvenir : Barrès, Parsifal/Perceval et la littérature courtoise 3. Littérature politique : Les textes jugés, 251 3.1. L’évaluation négative Les tribulations du Populaire Raoul Blanchard et la campagne de Norvège (tome IV) 3.2. L’évaluation positive : la littérature de Parti Molotov L’Histoire du PCUS Fils du peuple et culte de la personnalité Le Manifeste du Parti Communiste 4. la trace de l’intertexte historique, 272 4.1. Weissmüller et Mannheimer (tome I) 4.2. La lettre à Herriot (tome II) 4.3. La séance à la Chambre (tome III) 4.4. Les lectures comme filtre de l’intertexte historique (tome IV) Conclusion Tableau de correspondances des éditions des Communistes, 289 Ouvrages cités, 293 Index des noms cités, 315 Index des périodiques et journaux cités, 318

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