Paul Aron, « La variété des genres et des styles dans Les Voyageurs de l’Impériale d’Aragon : esquisse d’analyse sociologique », Revue COnTEXTES, décembre 2016

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Introduction de l’article « La variété des genres et des styles dans Les Voyageurs de l’Impériale d’Aragon : esquisse d’analyse sociologique », Paul Aron, article intégral en ligne

La critique traditionnelle s’est rarement penchée sur le style des grands romans d’Aragon. Elle a privilégié les approches thématiques et narratologiques d’un corpus lui-même peu souvent parcouru dans sa totalité. Aurélien, Les Cloches de Bâle et les romans tardifs du Mentir-Vrai ont été les œuvres le plus souvent commentées, à l’exception d’une année où les Voyageurs ont été mis au programme de l’agrégation, avec la parution de plusieurs monographies, souvent intéressantes par ailleurs1. Quelques travaux publiés ensuite permettent d’approcher plus précisément le style des Voyageurs même si, comme l’indiquaient Hervé Bismuth et Lucien Victor en 2001 : « Les Voyageurs de l’impériale est peut-être le roman le plus discret dans la réception des œuvres romanesques d’Aragon et dans le travail critique portant sur ces œuvres2. »

Les travaux de Gilles Philippe et de quelques autres permettent de relever un certain nombre de marques stylistiques significatives de ce roman3. Mon hypothèse est qu’il est possible de les intégrer dans une catégorie générale (le collage/montage) et de faire par conséquent du style de ce roman une prise de position interprétable en regard de la trajectoire de l’écrivain.

Présentation du numéro Sociologie du style littéraire

Cette publication représente l’aboutissement de réflexions menées lors d’un colloque international consacré à la « Sociologie du style littéraire », à l’initiative du groupe COnTEXTES à l’Université libre de Bruxelles, du 9 au 11 avril 2014. Les travaux de ces journées s’étaient fixé comme objectif d’interroger ce que les approches sociales du littéraire sont en mesure d’apporter à la compréhension du style, objet majeur mais souvent fuyant des études littéraires et, plus globalement, enjeu crucial mais peu défini des pratiques culturelles. Ce numéro de COnTEXTES entend expliciter et délimiter les différents questionnements que peut formuler une sociologie du style littéraire. Les contributions qui le composent se fédèrent donc moins par leur appartenance à une discipline donnée qu’au travers du regard convergent qu’elles portent sur l’inscription sociale des œuvres. Ce dossier entreprend de remettre en cause une idée reçue persistante selon laquelle la notion de style ne pourrait constituer un objet appropriable par la sociologie, parce qu’elle serait essentiellement liée à une certaine idée de la singularité, celle de l’individu écrivant. Plusieurs des contributions de ce numéro analysent en effet des exemples liés à des pratiques strictement individuelles. Il importe cependant ici de ne pas réduire les manifestations du style à ces seules pratiques. La singularité, qui n’est pas l’individualité, peut aussi bien concerner une entité collective. Les études rassemblées étayent cette perspective et identifient plusieurs questionnements d’ordre méthodologique, qui suggèrent autant d’orientations à la recherche.

Sommaire du numéro

Introduction

Clément Dessy, Laurence van Nuijs et Valérie Stiénon : Qui a peur du style en sociologie de la littérature ?

Nelly Wolf : Proses du Monde

Laetitia Gonon : Le style pour blâmer le style (1870-1920)

Gilles Philippe : Quelques réflexions sur les imaginaires stylistiques : Le Criterion et la question du style français

Stéphanie Smadja : Le style simple dans les années 1920 : le mode majeur de la prose française

Stéphanie Bertrand : L’aphoriste dans le roman, une figure d’autorité ?

Paul Aron : La variété des genres et des styles dans Les Voyageurs de l’Impériale d’Aragon : esquisse d’analyse sociologique

Ewa Tartakowsky : Stratégies stylistiques chez les auteurs d’origine judéo-maghrébine en France

Bérengère Moricheau-Airaud : Propriétés stylistiques de l’auto-sociobiographie : l’exemplification par l’écriture d’Annie Ernaux

Éric Bordas : Que serait une sociostylistique ?

Notes de lecture

Anthony Glinoer : La beauté du capitalisme. Compte rendu de Lipovetsky (Gilles) et Serroy (Jean), L’esthétisation du monde. Vivre à l’âge du capitalisme artiste, Paris, Gallimard, « Hors série connaissance », 2013, 493 p.

Justine Huppe : Compte rendu de Lavocat (Françoise), Fait et fiction, Paris, Seuil, « Poétique », 2016, 618 p.

COnTEXTES. Revue de sociologie de la littérature rassemble des chercheurs adoptant une approche sociale du littéraire, toutes époques et toutes littératures confondues.


P. P.

Patricia Principalli, maître de conférences à l'Université de Montpellier