Aragon et le cinéma: relevé d’occurrences par Suzanne RAVIS

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Aragon et le cinéma, 1918-1931
Relevé d’occurrences par Suzanne RAVIS.

Poème « Charlot sentimental », in Le Film, 1er mars 1918, repris dans L’OP, vol.I, p. 29-32; premier poème publié d’Aragon.

Feu de joie (1920), poème « Charlot mystique » paru d’abord dans Nord-Sud n°15, mai 1918, et peut-être poème « Soifs de l’Ouest ». Voir L’OP, vol. I, ou Le Mouvement perpétuel précédé de Feu de joie, coll. Poésie / Gallimard, 1970.
Sur « Charlot mystique », une lecture philosophique et des précisions sur le film « Charlot chef de rayon », de Wolfgang Babilas, « Charlot mystique. Un poème philosophique du jeune Aragon », in Faites entrer l’infini, n° 6, 1988, p.11-13. Repris dans W. Babilas, Etudes sur Louis Aragon, voL 1 Nodus Publikationen Münster, 2002, p. 358-364.

Article « Du décor », in Le Film, 15 sept. 1918. Reproduit dans Aragon, L’Œuvre poétique, dans la première édition en 15 volumes., et dans la seconde en 7 volumes, la seule que nous citerons désormais : vol. 1, p. 51-61. Reproduit aussi, avec notes, dans Aragon, Chroniques I, 1918-1932, édition établie par Bernard Leuilliot, Stock, 1998, p. 23-28, et dans Aragon, Ecrits sur l’art moderne, Flammarion, 1981.

Article « Du sujet », in Le Film, 22 janvier 1919. Reproduit dans L’O.P. , vol. I, p. 77-86. Egalement dans Chroniques I, p. 39-44.

Anicet ou le panorama roman, 1918-1921, coll. Folio, ou Œuvres romanesques complètes, vol. 1, éd. publiée sous la direction de D.Bougnoux, avec, pour ce volume [Anicet en particulier] la collaboration de Philippe Forest, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1997.
Très riche présence du cinéma : personnages, scénarios, techniques cinématographiques, épisode d’Anicet et Baptiste au cinéma, projection privée chez Mirabelle, etc.

Projet d’histoire littéraire contemporaine (manuscrit de 1922) : dans le plan du « projet », au chapitre intitulé « Du 1er août 1914 à la mort d’Apollinaire », le premier sous-chapitre est annoncé : « Le cinéma, Charlot et Les Vampires », et dans le chapitre « Dada (janvier 1920 à octobre 1921) », Aragon a prévu de mentionner « Films de Louis Delluc ». . Ce plan, publié pour la première fois dans Littérature n° 4, en août 1922, est reproduit dans L’OP, vol. 1, « Projet pour une histoire de la littérature contemporaine », p.484 et 486, et dans Projet d’histoire littéraire contemporaine, éd. établie, préfacée et annotée par Marc Dachy, coll. Digraphe, Mercure de France, 1994.

« Préface à Maldoror » (1922), L’OP, vol 1, p. 477-479, emploi métaphorique : « nous avons les états successifs de sa pensée. Un cinéma cérébral »
On trouve chez Aragon beaucoup d’exemples d’emplois métaphoriques qu’il serait intéressant d’analyser de près pour la conception sous-jacente du cinéma à un moment donné, conception en partie tributaire, probablement, des techniques en cours.

« Les Vampires », manuscrit de 1922 (?), publié pour la première fois dans Projet d’histoire littéraire contemporaine, éd. établie par Marc Dachy, op. cit., p. 7-9.
Texte important sur Musidora, le feuilleton cinématographique Les Vampires, et son rôle dans la formation de la sensibilité d’une génération.

« Le dernier été », article évoquant Berlin dans Paris-Journal en novembre 1922, repris dans L’OP 1, signale p. 499 « l’acteur Werner Krauss des U.F.A. films« .

« Enterrement d’Antinéa », Paris-Journal, 16 mars 1923, repris dans L’OP, vol 1, p. 503-507, et dans Chroniques I, op. cit., p. 145-148. Un passage sur le film L’Atlantide.

Dans Le Libertinage (1924), disponible dans la collection L’imaginaire, Gallimard, 1981, ou en Pléiade, Œuvres romanesques complètes, vol 1, voir les récits « Madame à sa tour monte » (rédigé de 1919 à 1923 ; une traduction en anglais de la première version est publiée en 1922) , « Paris la nuit », publié à Berlin en 1922, et « La femme française », publié dans le volume de1924 ( voir les pages 246-250 dans L’imaginaire.).
Sur le cinéma dans « Madame à sa tour monte » et dans « Paris la nuit », lire les études très informées d’Agnès Pelinq, Mireille Pelinq, et Gérard Monnier dans le volume collectif publié par le Centre aixois de recherches sur Aragon, Sur Aragon : « Le Libertinage », Publications de l’Université de Provence, 1986.

Le Paysan de Paris (1926), disponible en Folio: dans « Le Passage de l’Opéra » (1924), p. 66, les femmes « kleptomanes de la volupté » dans le métro ou « au cinéma, tout égarées dans l’ombre » ; dans « Le sentiment de la nature aux Buttes-Chaumont » (1925), p. 166, « cette grande banlieue équivoque autour de Paris, cadre des scènes les plus troublantes des romans-feuilletons et des films à épisodes français ».

« Le croiseur Potemkine », in Clarté, oct.-déc.1926. Repris dans L’OP vol 1, p.938-940 (voir aussi la note p. 979), et dans Chroniques I, op. cit., p. 275-277 ( avec des notes précises). Sur le film d’Eisenstein vu par Aragon en novembre1926.

Manifeste signé collectivement, mais « presque entièrement de la main d’Aragon » (A. Breton), « Hands off Love », in La Révolution surréaliste, ,° 9-10, 1er octobre 1927. A propos du procès en divorce contre Ch. Chaplin intenté par sa seconde femme. Reproduit dans Maurice Nadeau, Histoire du surréalisme, suivie de Documents surréalistes, Seuil, 1964, ainsi que dans Chroniques 1, op. cit., p. 291-298.

Manifeste et tract sur L’Age d’or, avec signature collective. Voir de préférence Chroniques 1, « L’Age d’or. Situation dans le temps, » novembre 1930, p. 423-425, et « L’affaire de L’âge d’or. Exposé des faits », janvier 1931, pp. 423-425.

Persécuté persécuteur (1931), poème « Ne triomphez pas trop vite », repris dans L’OP, vol. 2, p. 555-558, et dans l’édition procurée par O. Barbarant, avec préface et notes, Stock, 1998, p. 45-47. Du poète prêt à « tuer » et à « [se] tuer : « Je suis riche comme Hollywood entière/ Je peux éclipser en intérêt pour la foule/Un film cent pour cent hurleur »…
Dans le même recueil, comparaison dans le poème « Mandragore », L’OP 2, p. 571-575; Stock, p. 59 : « Comme le cinéma que fige une panne le film du monde /est un pont suspendu sous lequel un fleuve immatériel d’irritation/ coule en silence (…) »

« Saison d’Asie », reportage publié dans L’Humanité, 20 et 27 janvier 1933. Repris dans l’OP vol. 2, p. 974. Un spectacle de théâtre et cinéma en plein air, avec projection d’un film sur la guerre et la révolution russe, dans le cadre d’un énorme chantier dans l’Oural.

Les Cloches de Bâle (1934), disponible en Folio. Catherine rencontre à Londres un jeune peintre anglais, « un beau garçon asses stupide » dont elle fera son amant. « Ils s’embrassèrent au cinéma » (p. 408).

Les Voyageurs de l’impériale (terminé en 1939. Première édition revue par l’auteur : 1947). Disponible en folio dans la version de 1965. Dans « Deuxième partie : Vingtième siècle », Mercadier décide de gagner la protection de Mme Meyer mère en l’invitant au cinéma. Détails sur une salle de la rue Demours, « à deux francs la place », « qui l’été marchait à ciel ouvert, une innovation pour l’époque »(Folio, p. 490, et p. 494).

Matisse en France (1942), repris dans Henri Matisse, roman, à propos des dessins de Matisse : « l’essentiel est le caractère de séries des dessins que je regarde […] chaque dessin est une carambole à soi seul, mais qui reprend la situation laissée par le carambolage précédent ». Le paragraphe est intitulé : « Un cinéma de la sensation ». En marge, une réflexion de 1942 : « Une piste à suivre : le dessin animé » (il mentionne la Blanche-Neige de Walt Disney), complétée par un commentaire de 1968 : « Il faudrait en trouver l’équivalent dans les bandes dessinées d’à présent : Jodelle ou Barbarella » (Henri Matisse, Roman, Livre-Club Diderot, Gallimard, 1971, vol. 1, p. 75).

Aurélien (1945), disponible en Folio.
-Chapitre XXX de la version modifiée (1965) : soirée tendue entre Blanchette et Bérénice seules rue Raynouard :  » Tu veux aller au cinéma ? […] moi, je déteste le cinéma ! » (p. 262-263) ;
-Ch. XLVII : dans l’attente insupportable de Bérénice, Aurélien décide de sortir. Dîner chez Maxim’s, puis soirée à la dérive. « Il s’en fut au cinéma ». Aurélien tue le temps dans deux salles ; « Un petit ciné des boulevards » avec un « orchestre à trois instruments », où il voit une histoire d’amour exotique puis « une comédie, un de ces vaudevilles tragiques » dans des décors de carton, et un autre cinéma « plus grand genre ». où passe un film américain confus aux yeux du personnage (« Les sous-titres rouges n’expliquaient rien »), accompagné d’une musique « sentimentale » : des films relevant de trois genres différents, dont Aragon croque en quelques phrases les stéréotypes.

Les Communistes, disponible dans sa première version, (1949-1951), aux éditions Stock, 1998, avec introduction et dossier de Bernard Leuilliot, et dans sa version définitive (1967) en Pléiade, Œuvres romanesques complètes, vol. 3, avec introduction et notes de B.Leuilliot.
-« Septembre-novembre 1939 », deuxième partie, ch. VII, Stock, p. 202-203, et Pléiade, p. 771-773, notes p. 1558. Séances de cinéma à Carcassonne : public populaire, gitans, soldats. Projection d’Actualités, films Les Révoltés du Bounty (1935) et Cavalcades (1933).
-« Novembre 1939-mars 1940 », troisième partie, ch. VI, Stock, p. 379, et Pléiade, p. 985-986, notes p. 1603. Rencontre à l’entrée d’un cinéma de quartier où une jeune femme a un rendez-vous clandestin de Résistance. « C’était un film américain, ce soir-là, avec Dorothy Lamour ».

« Il faut savoir lire Stendhal et Louis Delluc », Les Lettres françaises, n° 414, 16 mai 1952. Concerne le roman de 1915 de Delluc.

« Préface » à Louis Delluc, La Guerre est morte, réédité aux Editeurs Français Réunis,1952.

Le Roman inachevé
(1956), disponible en Poésie/Gallimard. Poèmes « Paris vingt ans après », p. 159-160 et p. 165-167 ; et poème « Cette vie à nous », p. 187.
-« Paris vingt ans après » : « Connaissez-vous ces soirs où le jour faiblissant /Le centre de la ville a l’air d’un mauvais film/ Tout bleuit un peu trop […] »(159) et dans le texte « Ville tu ressembles diablement à l’enfer », les affiches de cinéma, « biceps et seins géants l’Epinal des cinés »; les « replis du crime d’Attila / Aux perceurs de plafonds »; sur les Champs-Elysées, « l’horreur en salle climatisée » (166)… »Qu’on nous donne enfin des films en techni-dolor/ Vite le multiplex hurlant des agonies »(167).
-« Cette vie à nous » évoque le séjour en URSS, au début des années trente. Malgré les terribles difficultés du pays, « L’ombre a pris pour moi la clarté des nuits qu’a peintes Dobjenko / Je me souviens C’était alors un film intitulé La Terre / Le clair de lune était si beau qu’il n’y avait plus qu’à se taire » (187).

« Citizen Kane », Les Lettres françaises, n° 800, 26 novembre 1959.

« D’un film », France Nouvelle, n° 743, 14 janvier 1960.

La Mise à mort (1965), chapitre « Le miroir Brot », collection blanche, Gallimard, 1965, p. 82 et 104-105 ; ou Folio, p. 96 et 121-126. Un film tiré d’Othello, où Fougère, prêtant sa voix à Desdémone, chante la romance du saule; « un navet sculpté, du genre monumental ».

Blanche ou l’oubli (1967), disponible en collection blanche, Gallimard, 1967, ou en Folio. Les références de pages données sont celles de la collection blanche. Multiples occurrences : « 1922, c’ était l’année de La femme de nulle part« (p. 15); repris au présent, « 1922, c’est l’année de La femme de nulle part » (p. 33) ; « Encore une sacrée mémoire, la Cinémathèque » (p. 34) ; « 1923, l’année du Pèlerin et de L’Opinion publique » (p. 34); conversation située en 1934 : « Vous n’avez pas vu Liebelei ? Alors là, mon cher, faut aller voir « (p. 63 et 64) ; « On se serait cru dans un film de Godard » (p. 65) ; 1924, « l’année des Rapaces (Greed, vous vous souvenez? Stroheim sans Stroheim…aux Ursulines » (p. 70); l’interdiction du Cuirassé Potemkine (p. 75) ; « l’année d’Entr’acte, ça s’écrivait encore comme ça, c’est-à-dire en 1924″ (p. 97); récit journalistique de l’assassinat de Ben Barka. Philippe s’exclame « c’est du cinéma ! »(p. 249). Présence intertextuelle de Pierrot le fou (p. 293) ; projets de film du cinéaste Justin Merlin de Luna-Park (p. 462).

Pour les nombreux articles et interventions sur Godard, voir le dépouillement opéré par Maryse Vassevière.

Recherches à poursuivre…



L. V.

Luc Vigier, maître de conférences à l'Université de Poitiers