Le Fou d’Elsa (1963)

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Le Fou d’Elsa est le dernier poème de taille importante – et le plus volumineux de tous – d’Aragon. Écrit en 1963, il fait suite aux poèmes Les Yeux et la mémoire (1954), Le Roman inachevé (1956), Elsa (1959) et Les Poètes (1960).

Le poème se propose comme le résultat monstrueux de l’imbrication de plusieurs projets distincts : celui de proposer, à la suite des grandes épopées du siècle précédent, un nouveau Diwan à la manière de Goethe ou une nouvelle Légende des siècles à la manière d’Hugo ; celui de réécrire, à rebours de l’Histoire officielle, celle des conquérants catholiques, la chronique des guerres de Grenade ; celui de fournir une réponse de poète à ce qu’on appelle, dans le présent de la rédaction de ce poème, les « événements » d’Algérie ; celui de montrer au monde occidental les origines orientales auxquelles sa littérature est redevable…

Ces divers projets se confrontent dans la Grenade de 1492, où vit un poète fou, un Medjnoûn, amoureux d’une femme qui n’existe que dans le futur, et qu’il rejoindra, dans un voyage à travers la folie et le miroir-temps, un voyage au cours duquel la Grenade de 1492 deviendra successivement celle de Jean de la Croix, de Chateaubriand, de l’assassinat de Federico Garcia Lorca… Mais bien avant ce voyage, cette Grenade assiégée de l’extérieur et minée de l’intérieur est déjà par bien des traits une métaphore du XXe siècle…


H. B.

Hervé Bismuth, maître de conférences à l'Université de Bourgogne