» Aragon et Pouchkine : de la genèse du Roman inachevé « , Léon Robel,1991
Recherches Croisées Aragon/Elsa Triolet n°3 (1991)
Léon ROBEL, » Aragon et Pouchkine : de la genèse du Roman inachevé «
Une épigraphe en russe, dans un passage du Roman inachevé, conduit à s’interroger sur la genèse conjointe de ce grand poème et de Littératures soviétiques, dans la lumière, entre autres, de Pouchkine. Le dialogue qu’Aragon développe avec l’œuvre de Pouchkine, depuis Les Yeux et la mémoire jusqu’à La Mise à mort, semble culminer dans Le Roman inachevé, nourri en particulier de la lecture d’Eugène Onéguine (lui-même roman en vers, et inachevé). Le grand vers de seize syllabes qu’expérimente Aragon procède à la fois du tétramètre ïambique d’Onéguine et du chaïri géorgien : Le Roman inachevé est le livre des transferts de formes. Expérimentation inséparable d’une réflexion sur l’Histoire : dans ces années 1953-56, la langue russe est pour Aragon celle des illusions brisées, du tragique de notre temps.