Aragon en cinq actes

Published by J. P. on

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Aragon en cinq actes

Lecture par les élèves de la Prépa’ Théâtre 93

Lecture, Musique
Samedi 11 mars 2023 à 16h
– Hall de la MC93

« Plus tard plus tard on dira qui je suis » (Aragon)

La poésie d’Aragon (1897-1982) est sur nos lèvres bien souvent grâce aux musiciens et aux chanteurs. C’est ce qu’on appelle parfois « La voix Ferré, la voix Ferrat », même s’il y en a beaucoup d’autres qui ont su avec leurs notes et avec ses vers parfumer nos matins. Mais si Aragon est un immense poète, il fut aussi un formidable auteur de romans devenus des « classiques » (avez-vous lu Aurélien, l’un de ses chefs-d’œuvre ?), un homme de presse, dirigeant notamment, de longues années durant, le grand hebdomadaire Les Lettres françaises, un militant politique combattant en faveur de la société fraternelle et chaleureuse du communisme dont il rêvait. Il fut encore un intellectuel qui lia son destin d’être humain au cours tumultueux des événements de son siècle tout en refusant obstinément de se dire « un écrivain engagé ». Paul Claudel, qui n’était vraiment pas de son bord, vit pourtant en lui un auteur sachant manier « la langue française la plus pure » et un écrivain de la dimension d’un Victor Hugo. Jean d’Ormesson l’aimait aussi par-dessus tout et puisa dans ses vers des titres pour ses romans. Autant de traits passionnants et souvent paradoxaux qu’il convient de revisiter aujourd’hui pour les transmettre, les faire découvrir ou redécouvrir.
C’est pourquoi je suis reconnaissant à la MC93 d’avoir organisé ce moment de rencontre autour d’Aragon, au cours duquel de jeunes comédiens en formation dans ses murs donneront ses textes à entendre. Une manière de dire que l’incendie qu’il a allumé avec ses mots ne s’éteint pas. On retracera quelques-unes des étapes essentielles de la vie de cet écrivain et du couple majeur qu’il forma avec Elsa Triolet. On explorera certaines clés disponibles pour entrer dans son œuvre. Ce faisant, on mettra nos pas dans ceux d’Aragon et on ne fera rien d’autre que de parcourir les grands jalons du XXe siècle, commençant avec la grande tuerie de la guerre 1914-1918 (qu’il fit à 20 ans), les combats glorieux de la Résistance (auxquels il prit activement part à 40 ans), les drames de la guerre froide et les désillusions qui en suivirent, avant la reprise du chant majeur qui marqua ses dernières années. C’est dans l’un de ses derniers romans, Blanche ou l’oubli, qu’il écrira : « Comment pouvons-nous supporter le monde tel qu’il est ? J’ai passé ma vie à tenter de l’imaginer autre. » Une interpellation qui nous interroge toujours aujourd’hui.
Bernard Vasseur