Anne Wattel, « Quand Elsa Triolet se tait à l’aube. Une mise en mort sous le signe de Philomèle », Fabula, 2019
Anne Wattel: « Quand Elsa Triolet se tait à l’aube. Une mise en mort sous le signe de Philomèle »
dans La mort de l’auteur, Fabula Lht, n° 22, juin 2019: http://www.fabula.org/lht/22/wattel.html
Anne Wattel est agrégée de Lettres modernes et docteure en langue et littérature françaises (Lille-III Charles de Gaulle).
Résumé:
Elsa Triolet, avec Le Rossignol se tait à l’aube, publié quelques mois avant son décès, entend écrire une dernière fois, pour faire silence, pour mettre un point final à la mise en mots. Mais pour ce faire, pour dire la voix qui s’amenuise jusqu’à s’éteindre, pour opérer une véritable mise en mort, il faut trouver un dire, un écrire autres, trouver le juste milieu entre la voix et le silence, trouver à dire comment se taire, à formuler ce qui échappe aux mots : la mort de l’auteure, la fin de voix, fin de vie. L’œuvre entière est placée sous le signe de Philomèle, la Philomèle mythique à la langue mutilée et qui relate la violence qu’elle eut à subir par le détour d’un langage autre, celui de la tapisserie. Elsa Triolet parachève sa métamorphose en Philomèle‑rossignol et, (en)chanteuse de la nuit, clame la suprématie de la musique, s’adonne à un chant de vie qui est aussi un chant de deuil.