Séminaire ERITA du 19 novembre : communications d’Erwan Caulet et de Lotfinia Hamideh

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[en photo : le poète iranien Ahmad Shamlou]

En raison des nouvelles règles de sécurité de l’Université Paris Diderot Paris 7, rdv à 9 h 45 devant l’entrée du 5 rue Thomas Mann (site des Grands Moulins – Métro Bibliothèque François-Mitterrand – ligne 14). Le séminaire aura lieu dans une salle de recherche située au dessus de l’UFR LAC, donc au 7e étage (non au 6e).

Deux interventions sont prévues :

-le matin à 10 h, Erwan Caulet (Université Paris I) nous présentera une communication intitulée « Faire l’histoire de l’histoire littéraire : jalons pour l’approche du cas Louis Aragon »
Résumé : Le propos de cette communication s’inscrit dans un questionnement plus large sur l’histoire de la constitution des canons littéraires et de la mémoire culturelle de nos sociétés contemporaines. Dans ce cadre, l’examen du cas de Louis Aragon, décédé voici maintenant plus de trente ans, se révèle un « banc d’essai » intéressant. Le but de cette communication est de proposer une première mise en ordre des données rassemblées, c’est-à-dire une ébauche de périodisation et de sociologie de l’histoire littéraire d’Aragon et de ses acteurs, et une première lecture de la dynamique d’ensemble de décantation culturelle qui me semble se dégager autour d’Aragon, à partir de données connues. Le tout se veut prélude à un projet d’étude plus large, personnel ou collectif.

-l’après-midi à 14 h 30, Lotfinia Hamideh (Université de Strasbourg) évoquera Ahmad Shamlou, poète iranien et Aragon : pour une étude comparée de l’image de la femme
Résumé : Au moment où se rencontrent l’Iran et la France au tournant du XIXe siècle, la culture iranienne voit s’imposer un nouveau monde, ce qui suscite une « révolution littéraire ». La poésie persane ne pouvait rester indifférente à ces métamorphoses ; le poète, membre actif de son groupe, met sa poésie au service des réformes qu’il juge indispensables pour la société. L’objet principal du discours poétique est alors de combattre les valeurs passéistes d’un système obsolète. Le renouvellement du système éducatif, la dénonciation des injustices sociales, la défense du droit des femmes et l’hommage rendu au progrès social comptent alors parmi les thématiques les plus fréquentes dans la littérature et plus particulièrement dans la poésie. La littérature étrangère se met à occuper une large place dans l’espace littéraire et on publie des traductions de romans et de poèmes d’auteurs français ou occidentaux. Cette rencontre littéraire entre poètes iraniens et littérature occidentale a modifié l’image traditionnelle de la femme dans la poésie écrite par les hommes. La société masculine de la poésie moderne persane a trouvé une nouvelle image pour la représenter.
Notre recherche consistera à présenter une figure remarquable de la révolution de la poésie moderne, Ahmad Shamlou (1925-2000) et à examiner de quelle manière l’influence d’Aragon a modifié l’image classique de la femme dans la poésie moderne persane.
Ahmad Shamlou a montré une image nouvelle de la femme dans la poésie moderne. Il a connu la poésie occidentale à partir de traductions et puis son enthousiasme pour la poésie française l’a conduit à apprendre le français et mieux connaître Aragon, par ailleurs traduit en persan dans les années 1960. Comme Aragon, Ahmad Shamlou exprime des idées humanitaires et révolutionnaires à travers la poésie amoureuse. Il a écrit plusieurs poèmes pour sa femme, Ayda, comme Aragon a écrit son amour pour Elsa. Si le poète français suggère son amour en écrivant « Elsa au miroir », le poète iranien l’évoque dans son poème « Ayda au miroir ». Ainsi, Shamlou présente un portrait de sa bien-aimée, bien différent du portrait traditionnel de la femme dans la poésie iranienne classique. L’image de l’amante devient moins abstraite et plus accessible. L’amour et la tendresse y sont plus palpables