Soutenance de thèse de Julie Morisson sur « Le roman de l’art chez Aragon : l’essai aux frontières de la fiction » le 18 janvier 2014
Julie Morisson soutient sa thèse de doctorat :
« Le roman de l’art chez Aragon : l’essai aux frontières de la fiction »
à l’Université de Lettres & langues de Poitiers
Samedi 18 janvier 2014 à 14h
Salle des actes, Bâtiment A3
Directeur de recherche : Henri Scepi
Membres du jury :
Daniel Bougnoux, Université de Grenoble
Reynald Lahanque, Université de Lorraine
Alain Trouvé, Université de Reims
Luc Vigier, Université de Poitiers
Bernard Vouilloux, Université Paris IV-Sorbonne
Résumé :
Ce travail de recherche vise l’exploration de la prose critique et romanesque des années soixante chez Aragon dans une optique qui prend en compte les correspondances et les déplacements en réorganisant le système générique. En mobilisant les notions d’anachronisme et de défiguration Aragon réinvestit la notion de transgénéricité en suivant une poétique de la collusion des paroles et des espaces qui transforme l’écriture en réseau organique. Le partage des genres s’opère au sein d’une dynamique de circulation de codes, de paroles et de motifs prégnants contrôlée par une langue qui tente de contenir les enjeux d’une pensée de l’art. Cette parole qui raccorde la critique d’art et le roman s’impose ainsi comme une langue de l’art à la fois invisible et fuyante. Notre travail consiste donc à en saisir les contours, les modalités, les accents et les formes afin d’examiner comment elle engendre la mutation du récit romanesque à mesure qu’elle s’introduit en son sein, édifiant un véritable roman de l’art. Les enjeux théoriques qui innervent le roman s’expriment par une pensée graphique qui puise dans la critique les moyens de son expression. Dans un mouvement inverse, la langue de l’art déclenche des modifications dans la critique qui s’impose dès lors comme un espace prépondérant de l’hybridité. Aragon tente d’exprimer une théorie de l’art tout en retenant la pensée esthétique qui laisse place à des images poétiques à forte imprégnation picturale. Le déplacement des genres s’exprime dès lors en partage des espaces artistiques. Les arts, la critique et le roman communiquent ainsi par une cinétique qui met en œuvre une pensée théorique dans une prose lyrique et romanesque. La transversalité s’effectue donc par expansions successives qui sculptent les espaces de paroles suivant une poétique de la plasticité. Cette écriture de translations et de permutations dessine un réseau de ramifications qui nous permet d’envisager ensemble la critique et le roman comme les espaces divers d’une même parole à la fois esthétique, romanesque et poétique. L’art s’écrit désormais dans une connexion des voix et des territoires : il se raconte sous forme de roman.