Bibliographie des thèses sur Elsa Triolet (depuis 1972)

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Les thèses les plus récentes sont présentées en début de liste. En l’absence de toute indication, il s’agit de thèses « nouveau régime ». Les résumés proviennent du fichier national des thèses(Nanterre – « Doc-thèse ») et ont été rédigés par les auteurs de celles-ci

Responsable de la page : Corinne Grenouillet

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– Ditschler Suzanne, Einschreibungen und Um-Schreibungen des Ich : Elsa Triolet und ihr Roman Le Rossignol se tait à l’aube Inscription et réécriture du « Je » : Elsa Triolet et son roman Le Rossignol se taît à l’aube (1970) sous la dir. de Almuth Grésillon et Joseph Jurt, Université de Paris VIII, 2001 (en allemand).

Ce travail pose la question de la relation entre écriture et vie à un texte d’un genre nouveau : l’avant-texte (les états de texte précédant un texte imprimé) permet une approche qui met en son centre, non pas l’écrit mais l’écriture, non pas le produit mais la production, non pas le définitif mais ce qui est, le temps de l’écriture, toujours en mouvement. Pour l’écrivain Elsa Triolet et son roman Le Rossignol de l’aube (1970), dont j’ai établi, classé et transcrit l’avant-texte, la relation entre vie et écriture se révèle particulièrement dense. Les brouillons et leur récit de genèse ont permis de répondre à des questions précises que j’ai posées à ce corpus: Quelles relations montrent les manuscrits de travail entre le sujet écrivant et le sujet d’écriture ? Comment le « je » fortement autobiographique au départ de la genèse du texte se transforme-t-il en un « je » littéraire ? Quels phénomènes et stratégies peut-on discerner dans la mise en fiction de l’autobiographique chez Elsa Triolet ? La première partie du travail dégage la relation de Triolet à l’écriture. S’ensuit une présentation de la critique génétique sous un angle historique et technique. Cette partie se termine par une discussion sur la présence de l’auteur dans ses manuscrits. Pour Triolet, nous pouvons constater le lien visiblement identitaire qu’elle tisse avec ses manuscrits. Après une présentation et une analyse brèves du texte définitif, je présente l’avant-texte dans son intégralité. Le questionnement autour de l’inscription et de la transformation de l’être s’appuie dès lors sur ce lieu intime de l’écriture qu’est le manuscrit de travail. Le chiasme entre la personne qui écrit et celle qui s’écrit s’ouvre vers une troisième personne, celle qui est écrite. Ses trois positions de sujet, toutes nourries par l’autobiographique, entrent dans une interaction significative. La subjectivité propre à Elsa Triolet considérée en tant que personne se trouve intégrée dans le futur roman parfois mot à mot, parfois avec des renversements ou des changements qui semblent tenter d’explorer un autre « possible » de l’événement vécu à travers la réalisation des « possibles du texte ». Dans les dernières pages manuscrites, interrompues par la mort de l’auteur, Triolet tente de rouvrir encore une fois le déjà-écrit, refusant de se perdre dans la fixité du texte écrit. C’est néanmoins cet écrit qui nous permet de la trouver.

This work is questioning the relation between writing and life in a new way because of a new object of text : the so called avant-texte (foretext), that is all the notes, plans and drafts preceding the edited text. The centre of interest is the writing, not the written, the process, not the result, the movement, not the definitive. For the author Elsa Triolet and her novelLe Rossignol se taît à l’aube the relation between life and writing is particularly dense. The set up of the foretext, consisting in classifying and transcribing the whole material, permits to answer the questions guiding these work : which relation exists in the manuscripts between the writing subject and the subject of writing ? How operates the transformation of the autobiographic subject in a literary subject ? Which strategy do we find in the fictionalisation of the autobiographic material ? After a presentation of the relation of Triolet to her own writing, we discover the genetic criticism in a historical and structural view. The link to the author is the identifying attitude which Triolet shows. Then follows the exact material description of the foretext. The inscription and transformation of the being of Triolet find the bases in this intimate place which is the manuscript. This work points out the complex relation of the writing person and the person who is writing itself. The writing process generates a third person, who is written. These three positions of subject interact in writing. Triolet tries to explore other possibilities of what she has been and wants to be in creating different possibilities of text. Even in the last pages of the foretext (which remains non-edited pages because of the death of the author) Triolet rewrites what has just been finished for the novel, like if she refuses to lose herself in the fixation of the written text. It’s nevertheless this text which allows to find her.

– Eychart Siméon Marie-Thérèse, L’Individu dans l’histoire : figures de la dissonance dans les romans d’Elsa Triolet (1943-1953), sous la dir. de Marie-Claire Bancquart, Paris IV, 1995.

Les romans d’Elsa Triolet de 1943 à 1953 (Le Cheval blanc, Personne ne m’aime, Les Fantômes armés, L’Inspecteur des ruines, Le Cheval roux) peuvent être rassemblés sous le titre du « Cycle de la guerre ». La guerre est en effet présente partout, comme horizon de l’existence, dans l’horreur vécue, passée ou à venir avec la guerre atomique évoquée dans Le Cheval roux. Elsa Triolet inscrit dans ce contexte historique des personnages marginaux, inconscients des problèmes politiques et historiques, enfermés dans une insatisfaction et un mal-être générateurs d’angoisse et de souffrance. La romancière va conduire de tels individus, au travers d’un parcours initiatique, à la prise de conscience que le destin personnel est indissociable du destin collectif. Dans ce romans, l’histoire est présentée d’une façon oblique, sous-jacente et se vit par le biais de sujets déliés de toutes attaches collectives, en dissonance avec les autres et avec eux-mêmes. Loin d’être des romans à thèse, ce ouvrages, dont il a été dit trop rapidement qu’ils relevaient d’un réalisme socialiste « jdanovien », manifestent au contraire une originalité de ton dans la littérature de l’époque. Grâce à divers procédés romanesques, dont l’intertextualité massive, Elsa Triolet, dans cette mise en mots de l’histoire, remet en question une pensée optimiste de l’histoire.

– Trouvé Alain, Pour une relecture d’Elsa Triolet. L’Âge de Nylon – Les Manigances, sous la dir. de Michel Picard, Université de Reims, 1993.

L’œuvre d’Elsa Triolet, négligée par l’histoire littéraire, est occultée par les images-écrans de la muse ou de l’écrivain engagé. Ce travail, consacré à quatre romans de la période dite du réalisme socialiste, prend pour angle d’analyse l’acte de lecture. Les thèses sur la réception de l’école de Constance et l’hypothèse de la lecture comme jeu formulée par M. Picard en constituent le fondement théorique. Une triple approche : sociale, fantasmatique et ludique, est proposée comme parcours explicatif de ce qui devient, avec le jeu, activité littéraire. La lecture sociale s’interroge sur le rapport entre la fonction de connaissance de la société inhérente au projet réaliste et l’idéologie située dans sa double référence : marxiste avec Althusser et sémiotique avec Hamon. Elle confronte les textes choisis avec le modèle du roman à thèse décrit par Suleiman et tente de préciser l’horizon idéologique dans lequel s’inscrit cette fonction cognitive. La lecture fantasmatique, appuyée sur la théorie freudienne, explore par la méthode textanalytique l’inconscient du texte. L’analyse des scénarios romanesques, prenant pour repères les archétypes du roman familial, montre l’imbrication de plusieurs structures psychiques inconscientes et leur hiérarchie. La lecture ludique, grâce au travail sur le code repérable dans le texte, ouvre la voie à un dépassement dialectique de ces lectures partielles, à une connaissance élargie et à une réparation dont le mécanisme complexe est étudié. La découverte progressive d’un idiolecte défini avec Anzieu comme code à double face, sociale et psychologique, donne au jeu toute son application.

– Delranc Gaudric, Marianne, D’Elsa Triolet [en cyrillique] à Elsa Triolet. Les Quatre premiers romans d’Elsa Triolet et le passage du russe au français sous la dir. de Léon Robel, Inalco, 1991

Elsa Triolet, née dans une famille intellectuelle juive de Moscou, apprend le français dès son enfance, comme son ami Roman Jakobson. Elle se lie dès sa jeunesse avec Maïakovski, Chklovski, les futuristes et formalistes proches de l. et O. Brik. Après son mariage, elle séjourne à Tahiti, Londres, Berlin, Paris, où elle fréquente les milieux artistiques de Montparnasse. La rencontre d’Aragon en 1928, loin d’être facile, bouleverse le cours de sa vie. De 1930 (mort de Maïakovski) à la guerre. L’activité d’E. Triolet se diversifie. Ses premiers romans portent la marque de la culture russe, des grands écrivains classiques ainsi que d’auteurs français. Leurs procédés et leurs thèmes participent cependant de la littérature russe d’avant-garde. L’étude génétique des romans, manuscrits et journaux intimes montre le passage de l’autobiographique au romanesque, le processus d’écriture, l’évolution de la structure des œuvres ; elle explique pourquoi et comment, après un bref renoncement, E. Triolet revient au roman, passant du russe au français avec Bonsoir, Thérèse, roman du possible. Œuvre continue, bilingue, féministe, les premiers romansd d’elsa Triolet constituent un ensemble éminemment moderne.

– Gouaux Mireille, Recherches sur l’imaginaire : marxisme et psychanalyse. L’imaginaire colonial ; l’imaginaire de la science chez Jules Verne et Elsa Triolet ; un imaginaire romanesque : Colette,Doctorat d’État sous la dir. de Daniel-H. Pageaux, Paris 3, 1987

Marxisme et psychanalyse, ont entré la fin du XIXe et le début du XXe siècle, abordent de façon radicalement nouvelle les rapport de l’imaginaire et de l’art avec la réalité sociale, et les activités psychiques. Le marxisme, dans son courant ouvert, tel qu’on le voit naître chez le jeune Marx et tel que Lukàcs, mais surtout Brecht, Aragon et Triolet, Bakhtine l’ont développé, intègre les productions imaginaires dans l’ensemble des activités humaines qui les déterminent, mais y reconnaît un pouvoir de transformation spécifique, qui tend, dans les limites des données de la réalité, à dépasser celles-ci, dans un espace qui leur devient par là irréductible. La psychanalyse, de son côté, rend compte , là aussi dans son courant ouvert, tel qu’il apparaît chez Freud, mais aussi chez Ehrenzeig, et Lacan, des transformations opérées par l’imaginaire et l’art sur les processus primaires de l’inconscient, et qui les rend de la même manière, irréductibles à ceux-ci. Outre que tous deux reconnaissent donc à l’imaginaire et à l’art un pouvoir spécifique dans la production d’une nature humaine, ils semblent pouvoir, si on conjugue leurs explications, rendre compte du fait esthétique. Ce travail a comme but, à partir du marxisme et de la psychanalyse, de chercher des réponses aux questions d’ensemble concernant les rapports de l’imaginaire et de l’art, à l’histoire et à l’intériorité psychique, afin de permettre de formuler une méthode d’approche des textes littéraires ; il est constitué de deux volumes, l’un consacré à la réflexion théorique, l’autre à la mise en œuvre de la méthode proposée, et qui comporte une série de travaux sur l’imaginaire colonial dans le roman anglais et français de 1870 à 1914, sur l’imaginaire de la science chez Jules Verne et Elsa Triolet, et sur l’imaginaire romanesque de Colette.

– Chovrelat Geneviève, Transcription théâtrale de l’écriture romanesque de Personne ne m’aime, 1ère partie, d’Elsa Triolet, thèse de 3e cycle sous la dir. de Jean Peytard, Université de Besançon, 2 volumes, 1981.

-Lukusa André, Écriture thématique et cohérence scripturale. Approche sémiotique du roman d’Elsa Triolet Le Grand Jamais, thèse de 3e cycle sous la dir. de Jean Peytard, Université de Besançon, 1976

– Apel Muller Michel, Étude critique de Mille Regrets, sous la direction de Jean Peytard, Université de Besançon, 1975, thèse de 3e cycle

– Morel, Nicole, L’Histoire et le temps, l’art et l’errance. Thèmes et variations dans Le Grand Jamais et Écoutez-voir d’Elsa Triolet, Thèse de 3e cycle sous la direction de Henri Mitterand, Paris VIII, 1973.