Correspondance Aragon ENS-Ulm lundi 12 novembre 2007

Publié par L. V. le

Correspondance Aragon

par Daniel Bougnoux

Séminaire ITEM

le 12 novembre 2007

ENS-Ulm de 17 h à 19h

Salle des Actes

Le corpus des lettres écrites par Aragon est encore à constituer, même si plusieurs ensembles déjà se trouvent ici ou là rassemblés : lettres à Jacques Doucet, à Denise, à Jean Paulhan, aux Josephson, ou plus lacunairement à Cocteau, Éluard, Sadoul, Béguin, Max-Pol Fouchet…
Des Aventures de Télémaque à Blanche ou l’oubli, on note de sa part une dramatisation de l’idée de correspondance à travers le motif de la bouteille à la mer – où perce peut-être l’idée récurrente exprimée par cette phrase en forme d’aveu : « Je ne suis qu’une lettre qu’on n’envoie pas ».
Nous examinerons plusieurs de ces lettres, dont certaines encore inédites, pour montrer en Aragon un épistolier « généreux », capable de s’emporter ou de s’oublier au fil de sa propre plume, mais menacé aussi de se regarder écrire, ou de s’écrire aux deux régimes de ce verbe (accusatif-datif).
Déception pour le généticien, ou l’éditeur des ouvrages de la Pléiade toujours friand d’avant-textes : Aragon cloisonne strictement sa correspondance, il n’y commente aucunement son travail en cours, ni ses projets. Il lui arrive en revanche d’accéder de bonnes grâce à des demandes d’explications – ce mot ne valant à ses yeux que dans d’étroites limites. Aragon se montre en effet spécialement allergique aux explications des professeurs, ou à ce que lui-même quelque part appelle « cette affreuse bonne volonté critique ».
L’œuvre proprement dite semble donc centripète : elle n’essaime pas, ne « fuit » pas en cours d’élaboration.
Encore une remarque pour introduire à cette séance : les lettres que nous avons pu consulter ont une étonnante tenue. Non qu’elles soient guindées, Aragon s’y « lâche » au contraire assez souvent, et de façon très émouvante ; mais il attend manifestement beaucoup de la relation épistolaire, quelque chose comme la manifestation d’un lien, une promesse ou une assurance morale.

D.B.


L. V.

Luc Vigier, maître de conférences à l'Université de Poitiers