Patricia Richard-Principalli : La Semaine sainte, un roman du passage
– 1995 : La Semaine sainte d’Aragon : un roman du “passage”. (Patricia Richard Principalli, Dir. Jean Levaillant, Université de Paris 8).
En 1968, Aragon élabore une théorie sur la parenthèse et le roman. La Semaine sainte y apparaît à l’origine d’une pratique qui deviendra systématique par la suite. Or la pratique parenthétique traduit le passage qui se fait chez Aragon vers un discours et une écriture différents. Les deux moteurs de la vie et de l’écriture de l’auteur jusque là, l’histoire et l’amour, s’approchent autrement. Ainsi l’histoire se caractérise par l’éternel retour, le double aspect des hommes et des événements, malgré la lumière vacillante d’un espoir qui essaie de se maintenir. De même la relation amoureuse n’aboutit jamais. La femme reste l’étrangère, fondamentalement ambivalente et insaisissable, d’autant plus que le regard cristallisateur de l’homme la maintient à distance. Tous les personnages du roman sont donc affectés radicalement par la perte des repères puisqu’ils en meurent. La mort apparaît également dans la mise en scène fantasmatiques de deux figures meurtrières. Mais l’acte meurtrier reste suspendu, suspension symbolique : ces figures mettent en scène l’indicible, seule ressource contre la double incertitude de l’histoire et de l’amour. Ainsi La Semaine sainte ne propose plus une vision univoque du monde mais part à la recherche d’une réalité « kaléidoscopique ». L’écriture dont le questionnement est le seul recours contre la « contradiction humaine » devient un art du doute.
Cette thèse, remaniée, a été publiée chez l’Harmattan en 2000 sous le titre : La Semaine sainte d’Aragon, un roman du passage, L’Harmattan, 2000.