Compte-rendu par Hervé Bismuth de : Pierre Daix, Aragon, Taillandier, 2004

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Aragon, par Pierre Daix (Taillandier, 2004).

La première biographie d’Aragon par Pierre Daix (Seuil, 1975) avait paru du vivant de l’auteur et sans sa complicité. La spécificité de cette biographie était, ainsi que l’indiquait la seconde partie du titre : Une vie à changer, de montrer, de remettre notamment dans leur contexte historique, les différents visages d’une légende vivante sur laquelle couraient bien des jugements contradictoires, et dont le dernier visage, celui qu’il prenait en ces années-là et dont Pierre Daix montrait l’image sur la couverture du livre, en scandalisait alors plus d’un. L’ouvrage a été réédité et remanié en 1994 (Flammarion), douze années après la mort du poète, dans une période où la recherche aragonienne avait déjà permis de reconstituer, reproduire ou mettre au jour bien des textes inédits ou disparus, proses romanesques et lettres, et dans une fin de siècle qui a vu paraître le Journal de Pierre Drieu la Rochelle, révéler la correspondance d’Aragon et de Denise Naville. Le biographe de 1994 avait également eu la chance – rare dans ce type d’exercice – de connaître les réactions, sous forme d’annotations en marge, du sujet du livre de 1975 à la lecture de sa biographie. D’une édition l’autre, les portraits se précisent, s’améliorent en exactitude, à mesure que les images du poète figurant en couverture rajeunissent. Cette nouvelle édition – affichant un visage d’Aragon photographié par Man Ray – fait tout d’abord des réactions manuscrites d’Aragon trente ans plus tôt un objet biographique lui-même soumis à citations et à commentaires. Elle repose surtout – et c’est particulièrement visible dans les périodes dada et surréaliste – tant sur les précisions données quant aux contextes historique et littéraire que sur les nouvelles mises au jour des onze dernières années, en particulier sur les travaux des membres de notre équipe : Lionel Follet, Bernard Leuillot, Léon Robel, ainsi qu’Édouard Ruiz que nous avons perdu récemment, mais également sur la mise à disposition des archives communistes. Il en résulte une biographie de qualité, narrée par un témoin de premier ordre et documentaliste infatigable, un véritable ouvrage de référence. C’est la raison pour laquelle on se permettra de regretter l’absence d’une bibliographie récapitulative des ouvrages sur lesquels cette étude s’est appuyée ainsi que les choix d’un index des noms propres qui n’est pas exhaustif.
HB


H. B.

Hervé Bismuth, maître de conférences à l'Université de Bourgogne