Compte-rendu par Hervé Bismuth de deux ouvrages sur les intellectuels français dans les années 1950-1960, 2005

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Deux ouvrages sur les intellectuels français dans les années 1950

On signalera, pour ceux qui s’intéressent aux multiples activités littéraires, journalistiques, politiques, essayistes d’Aragon dans les années 1950, deux ouvrages parus à l’automne dernier :

Michel Boujut, Le Fanatique qu’il faut être. L’énigme Kanapa, Flammarion 2004.
Cet ouvrage, essai de biographie passionnée dans laquelle l’auteur règle des comptes avec le très rigide cadre du PCF que connut son père, tente de reconstituer, comme on le ferait des morceaux d’une preuve au cours d’une enquête, les motivations du terrorisme intellectuel qui s’exerça à partir de La Nouvelle Critique, revue mensuelle du PCF, et principalement de son directeur Jean Kanapa. Au nombre des personnages secondaires de cette enquête figurent bien entendu Jdanov, Sartre, mais également Aragon, présenté par l’auteur comme un contrepoids aux agressions menées contre les intellectuels non communistes par le PCF.

Michel Surya, La Révolution rêvée. Pour une histoire des intellectuels et des œuvres révolutionnaires. 1944-1956, Fayard, 2004.
L’ouvrage de Surya, particulièrement bien documenté, construit une description, à partir des discours des essais et des revues de l’époque de la Libération et de la Guerre froide, des prises de parti des intellectuels sur l’engagement – engagement des auteurs, engagement des œuvres -, à l’intérieur comme à l’extérieur du PCF, dans des années où la question de l’engagement est indissolublement liée aux questions du passé récent de l’Occupation, du nazisme et de la Résistance d’une part, du présent prégnant de la réalité socialiste et de l’idéologie communiste d’autre part. On y retrouve les mêmes acteurs que dans l’ouvrage de Michel Boujut, mais dans une distribution bien plus importante.


H. B.

Hervé Bismuth, maître de conférences à l'Université de Bourgogne