Rapport moral 2005 par Reynald Lahanque
ASSEMBLEE GENERALE D’ERITA
15 JANVIER 2005
RAPPORT MORAL D’ACTIVITE PRESENTE PAR LE PRESIDENT
L’événement principal de l’année écoulée a été la tenue du colloque « Aragon politique », du 4 au 6 mars 2004, à l’Université de Saint-Quentin-en-Yvelines, grâce à la collaboration du Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines dirigé par Jean-Yves Mollier, et celle du Centre de Recherche et de Création Elsa Triolet/Louis Aragon de Saint-Arnoult-en-Yvelines dirigé par Bernard Vasseur. Ajoutons qu’il aurait difficilement pu se tenir sans le soutien financier de la Région Ile de France. Le séminaire s’est, quant à lui, poursuivi au même rythme annuel de quatre séances, en dépit de cette caractéristique de notre équipe, constituée en association, qui est d’être sans domicile fixe : le problème a été réglé lors de l’année écoulée grâce à la générosité d’Antoine Casanova et des responsables de la revue La Pensée, au siège de l’Espace Marx (au 64, bd Blanqui).
Du colloque « Aragon politique », dont l’organisation a été prise en charge par L. Vigier, Cécile Narjoux, Patricia Principalli et Reynald Lahanque, il est permis de dire qu’il a été une réussite, à en juger par les nombreux retours positifs qui nous été adressés, par la qualité d’ensemble des interventions, et le nombre de personnes (une cinquantaine) qui ont assisté à ses travaux. Les interactions entre les chercheurs et d’anciens acteurs de la vie politique ont été une originalité enrichissante et appréciée de cette manifestation. Il convient aussi de souligner que la possibilité qui nous a été offerte de tenir notre dernière journée au Moulin de Saint-Arnoult a permis de communiquer et de débattre devant un public plus large et plus nombreux. En même temps, ce colloque ne pouvait prétendre épuiser toutes les questions suscitées par une problématique aussi vaste et aussi décisive que celle de la politique, et du politique, s’agissant d’un écrivain comme Aragon. Certains prolongements ont déjà été envisagés, en particulier par Jack Ralite et Maryse Vassevière sur le thème de « Notre Aragon ».
Quant aux actes du colloque, décision a été prise, dès que le travail collectif de correction et de mise aux normes aura été achevé, d’en proposer une pré-publication en ligne, afin de ne pas différer trop longtemps pour les chercheurs la mise à disposition des communications, et de toucher, c’est une hypothèse vraisemblable, un lectorat moins spécialisé.
Les séances du séminaire ont permis d’entendre les exposés d’Hervé Bismuth sur « Les Lettres françaises et Soljenitsyne en 1962-1963 », de Mathieu Rigo sur « Aragon face à l’Histoire », de Marjolaine Vallin qui a présenté sa thèse sur la théâtralité dans l’œuvre de la dernière période d’Aragon, de Suzanne Ravis sur Aragon et la crise de l’UEC en 1963. Elles ont également permis d’accueillir Pierre Juquin et Jean-Paul Deléage, grands témoins de la crise évoquée par S. Ravis ; Antonin Liehm, grande figure de l’intelligentsia tchèque et traducteur d’Aragon, dont la personnalité et la riche expérience avaient déjà été très appréciés lors du colloque.
L’activité des membres d’ERITA s’est traduite aussi par de nouvelles publications et des communications prononcées lors de divers colloques ou journées d’études.
Du côté des publications : rappelons d’abord la sortie en 2004 du numéro 9 des Recherches croisées, centré sur la question du témoignage et coordonné par Luc Vigier ; celle des ouvrages de Luc Vigier sur Le Paysan de Paris (chez Gallimard), d’Hervé Bismuth, ‘Le Fou d’Elsa’, un roman à thèses, ENS éditions, d’Alain Trouvé, Le roman de la lecture, critique de la raison littéraire, chez Mardaga, de Cécile Narjoux en collaboration avec Daniel Bougnoux, Etude sur Aurélien d’Aragon, 2004 (Gallimard, coll. « Foliothèque »).
Des articles ont également été publiés par :
– Maryse Vassevière : Revue Mélusine n° XXV, « L¹universel reportage », 2004 : « Aragon journaliste à L’Humanité : du reportage à l¹écriture ».
– Cécile Narjoux : « Les signes de la fin dans Les Communistes d’Aragon », Revue d’histoire littéraire de la France, n°1, janvier-mars, 2004, p. 173-187.
– Alain Trouvé : « Rires romanesques modernes » (sur le rapport Triolet /Beckett), dans le numéro 20 de la Revue Humoresques (juin 2004).
– Suzanne Ravis : compte rendu en ligne du livre de Luc Vigier sur Le Paysan de Paris dans la collection « Bibliothèque Gallimard ».
– Corinne Grenouillet : « Lectures du stalinisme dans La Mise à mort d’Aragon : Michel Koltsov et la Grande Terreur 1936-1938 », Recherches croisées n° 9, Presses universitaires de Strasbourg (volume dont elle a assuré la coordination).
– Luc Vigier : « Pour une herméneutique du témoignage dans l’œuvre de Louis Aragon ; Témoins nécessaires ; Ce témoin qui n’est l’un ni l’autre », Recherches Croisées n° 9.
– Bernard Leuilliot : « Aragon et la ‘drôle de paix’ », dans L’Année 1945, Actes du colloque de Paris-Sorbonne (janvier 2002), éd. Etienne-Alain Hubert et Michel Murat, Champion, 2004, p. 161-172.
Plusieurs d’entre nous sont intervenus dans des colloques, dont celui que nous avons organisé sur le thème « Aragon politique », ou lors de journées d’études :
– Maryse Vassevière : colloque « Aragon politique » : « L’écriture de l’histoire » ; colloque «La Bibliothèque littéraire Jacques Doucet : archive de la modernité » organisé par Paris 3 en février 2004 (à paraître) : « Aragon, Doucet et l’histoire littéraire » ; intervention dans le cadre du séminaire 2002-2004 consacré au « paysage surréaliste » du Centre de recherches sur le surréalisme de Paris 3 (à paraître) : « Le Paysan de Paris ou l’oxymore du paysage urbain ».
– Cécile Narjoux : « Aragon au ‘sortilège du feu’ », lors du colloque La psychanalyse du feu, 4-6 juin 2004, Université de Bourgogne ; colloque « Aragon politique » : « Enonciation et dénonciation dans Les Communistes d’Aragon » ; compte-rendu de « L’Epreuve du livre, Henri Matisse, roman d’Aragon », de Dominique Vaugeois, Presses Universitaires du septentrion, pour Lendemains (Université d’Osnabrück), n°112/113, 2004.
– Edouard Béguin : Rencontres de Romans (12, 13 et 14 novembre 2004 ; organisé par la Société des amis et la Ville de Romans) : « Où est la mémoire du feu ? » (sur le silence relatif d’Aragon à propos de son action dans la Résistance).
– Suzanne Ravis : colloque « Aragon politique », dans le prolongement de son exposé au séminaire de janvier (après écoute du discours d’Aragon au CC et recherches dans la presse de 1963) : « ‘Capitulez, cher camarade’, lecture de la voix politique d’Aragon en 1963 ».
– Valère Staraselski : colloque « Aragon politique », « Aragon et Diderot » ; conférence sur le thème « Aragon, la liaison délibérée » à l’invitation de l’association Archipel, à Nanterre le 14 mai 2004.
– Corinne Grenouillet : colloque « Aragon politique » : « Le peuple d’Aragon » (avec Patricia Principalli).
– Luc Vigier : Intervention au Lieu Unique à Nantes le 23 février 2004 : « Aragon, témoin de son temps » ; intervention au colloque du réseau ACI/ MSH Témoignage à la MRSH de Caen sous le titre «Ombres portées : le témoin, le scribe et le passeur dans L’Homme communiste de Louis Aragon (1946) », mars 2004 (Actes à paraître en 2005: Esthétique du témoignage, sous la direction de Carole Dornier et Renaud Dulong).
– Bernard Leuilliot : Rencontres de Romans, 14 nov. 2004, Louis Aragon et Elsa Triolet en résistance, « Aragon, autrement dit François La Colère », à paraître dans le n°6 des Annales de la Société des Amis de Louis Aragon et Elsa Triolet.
– Reynald Lahanque : colloque « Aragon politique » : « Critique de la déraison politique ».
Sur le fond, le constat établi dans le précédent rapport, s’est confirmé, à savoir qu’après une vingtaine d’années de grande effervescence, nos activités connaissent un ralentissement conjoncturel, même si le bilan que l’on vient d’établir n’est pas mince. L’assistance aux séances du séminaire, en particulier, a été pour certains d’entre nous rendue difficile par les lourdes charges de travail et les responsabilités qui sont le lot des enseignants-chercheurs. Et cette assistance ne s’est encore que modestement renouvelée ; mais l’adhésion récente d’une chercheuse comme Mme Marie-Christine Mourier a permis d’ores et déjà d’établir des liens nouveaux avec l’Université de Valenciennes, et plusieurs d’entre nous (C. Narjoux, P. Principalli, S. Ravis, M. Vallin, R. Lahanque, A. Jauer, R. Waller, L. Vigier) vont participer au colloque qu’elle organise du 2 au 5 mars, avec son collègue Stéphane Hirschi, sur le thème « Aragon et le Nord » ; ajoutons au passage que l’équipe sera également représentée (à travers E. Béguin, M. Vassevière, H. Bismuth et S. Ravis) au colloque organisé à Toulon (du 17 au 19 mars) par Michèle Monte sur le thème « Aragon et la Méditerranée ».
Par ailleurs, des décisions ont été prises et des initiatives amorcées qui laissent augurer que le second souffle dont l’équipe a besoin ne devrait pas tarder à devenir réalité. Ainsi, une refonte de notre site web est en cours, site qui est désormais connu et répertorié en bonne place par les principaux moteurs de recherche : sa fréquentation est demeurée stable, quelques 60 à 80 pages lues par jour, par une trentaine de lecteurs différents, français ou étrangers ; elle pourrait rapidement s’accroître à proportion de la plus riche matière qui sera offerte à la lecture : mise en ligne directe de documents, d’articles, de brèves, de réflexions, par les membres de l’équipe qui en auront demandé l’autorisation ; publication, sous certaines conditions, de mémoires de maîtrises, de DEA, ou de mastères ; pré-publication rapide d’actes de colloques, de journées d’étude ou de conférences, etc. On y trouve d’ores et déjà les textes des hommages rendus aux disparus qui furent proches des études aragoniennes.
Cette initiative devrait contribuer au rapprochement souhaité avec les doctorants assez nombreux, littéraires ou non, qui travaillent en ce moment sur des sujets ou des problématiques qui intéressent les recherches sur Aragon ou Elsa Triolet. Elle pourrait aussi faciliter la rencontre avec d’autres chercheurs et l’établissement de relations plus régulières avec d’autres équipes, spécialisées dans le domaine des arts et de la littérature du XXe siècle, ou incarnant des approches différentes et complémentaires de la nôtre (celle de la sociologie historique, par exemple).
Ces perspectives de développement ont à voir également avec l’hypothèse envisagée d’un changement de statut de l’équipe : à savoir, passer du statut actuel d’association type loi de 1901 à celui d’équipe implantée dans une université et officiellement reconnue. En même temps qu’elle pourrait y gagner un domicile fixe et une source de subvention permanente (encore que probablement modeste), notre équipe se donnerait des chances de devenir plus attractive pour les futurs doctorants, et de nouer plus facilement des relations avec d’autres équipes de recherche. C’est là une affaire importante sur laquelle nous allons devoir nous prononcer rapidement.
En dépit des très nombreux travaux qui ont été produits sur nos deux écrivains dans les deux dernière décennies, et auxquels les membres d’ERITA ont largement contribué, il reste beaucoup à faire. Le sujet n’est pas épuisé et nous ne le sommes pas non plus. La relance des travaux sur Elsa Triolet effectuée en 2004 en est un signe avant-coureur. L’année 2005 sera l’année du renouvellement de nos activités, dans le maintien de la rigueur scientifique à laquelle nous sommes attachés, en même temps que dans l’ouverture de ces activités en direction d’autres acteurs , qu’il s’agisse d’autres chercheurs ou du public élargi auquel la nouvelle version de notre site va s’efforcer de s’adresser, en même temps que sa vocation de site de référence se confirmera.
Le Président d’ERITA
Reynald Lahanque