Compte rendu du n°1 de la revue Manifeste ! par Hervé Bismuth

Publié par J. P. le

Parution du n°1 de la revue Manifeste ! aux éditions Manifeste !, 1er semestre 2025

Le lancement officiel de cette revue a eu lieu à Paris le 20 février à 18h30, sous le parrainage de trois figures connues des lecteurs des Lettres françaises : le critique littéraire Victor Blanc, président et directeur littéraire des éditions Manifeste ! ; l’écrivain René De Ceccaty et l’écrivain-photographe Franck Delorieux, héritier de Jean Ristat disparu en 2023, directeur des Lettres françaises, Président de la SALAET et Secrétaire perpétuel de la Fondation Aragon-Triolet. On le voit : tant par l’origine de ses fondateurs que par sa pluridisciplinarité et par un propos politique confirmé par les ouvrages publiés depuis quatre ans, ce couple formé par une maison d’édition et une revue portant le même nom s’affirme, même implicitement, comme un héritage voire comme un renouveau de la collection éditoriale Digraphe (1974-2000), qui avait lancé sa revue l’année qui a suivi sa création.

 Participent à ce premier numéro qui brasse nouvelles, poésies, aquarelles et écriture de soi, d’autres collaborateurs habituels des Lettres françaises : outre le peintre italien Gianni Burattoni, trois membres du comité de rédaction : le critique dramatique Jean-Pierre Han, le critique et – ici – traducteur Marc Sagaert ; la pluritalentueuse Louise Guillemot[1], doctorante en Lettres classiques, ici novelliste et éditrice, qui avait réédité et préfacé aux éditions Manifeste ! l’année même de leur création les Dessins animés (1947) d’Elsa Triolet et Raymond Peynet ; également, le temps d’un poème, Shana Quirot, que j’ai connue à l’époque où elle suivait, au début des années 2010, mon séminaire sur le Roman inachevé et qui publiera bientôt un recueil de ses poèmes.

Autre héritage spécifique de Digraphe, et non des moindres :

Digraphe publiait, du vivant même d’Aragon, puis après sa mort sous les auspices de Jean Ristat, son héritier, des inédits d’Aragon. Aragon était en effet un des « pères » de Digraphe, avec Ponge, Derrida, Chagall, Miró, Ernst… Les « pères » sont à présent morts depuis longtemps, mais il reste encore des inédits d’Aragon. On doit à Franck Delorieux, héritier de Jean Ristat, la reprise, dès ce premier numéro de la revue, de l’ancienne coutume. Ainsi ce numéro publie-t-il, présentées, annotées et contextualisées par Marie-Thérèse Eychart, spécialiste et éditrice d’Elsa Triolet, sept lettres d’Aragon à Elsa Triolet, écrites entre décembre 1938 et juin 1940 ; lettres intimes et touchantes, dont les premières, au moment de la mobilisation d’Aragon en septembre 1939, évoquent si évidemment les premiers poèmes du Crève-cœur qu’ils semblent en être la chair à vif : « J’attends sa lettre au crépuscule », « Les amants séparés » – et donnent sens au titre « Le temps des mots croisés ». Une de ces lettres consiste simplement en un poème unique en deux parties, intitulé « Petite suite sans fil », ce poème qui se termine par : « Et tu me rediras Laisse donc les journaux », et que nous pouvons désormais dater sans risque d’erreur du 17 décembre 1939.

https://editionsmanifeste.fr/livre/manifeste-n1-janvier-2025

Hervé Bismuth


[1] Louise Guillemot avait organisé en mai 2022 la journée d’études à l’ENS-Ulm « Elsa Triolet, l’écriture du siècle », voir sur notre site https://louisaragon-elsatriolet.fr/2022/04/27/journee-detudes-a-lens-ulm-elsa-triolet-lecriture-du-siecle-le-13-mai-2022/