Georges Aillaud, par Roselyne Waller, mai 2017

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GEORGES, 16 mai 2017

Ce n’est pas au scientifique que je pense, au chercheur, au bibliophile épris d’exactitude, toujours tâchant de terrasser le dragon de l’imprécision.

J’ai toujours été frappée que le côté minutieux, quasi maniaque, de Georges (nul jugement défavorable – c’est ainsi qu’un ami peintre parlait de son travail) aille si aisément de pair avec son grand plaisir de voir les autres, de leur parler, sans se limiter ni à un sujet, ni à un groupe.

Comme il conviait à sa bibliothèque, il s’invitait très naturellement dans une relation aux autres marquée de fraîcheur, d’évidence et de spontanéité.

Il aimait raconter – non seulement ses découvertes éditoriales, ses ingénieux combats d’ingénieur engagé, mais aussi son histoire personnelle, dans ses aspects les plus dramatiques comme les plus journaliers.

J’aimais bien son œil malicieux, sa façon de venir s’asseoir en précisant qu’il choisissait le côté de la bonne oreille, j’aimais bien sa façon de se pencher, la main en conque autour de l’oreille comme un chanteur corse, comme quelqu’un en tout cas qui ne renoncerait pas – même pour se retirer parmi ses livres – à tendre cette oreille, à entendre les autres, à faire entendre sa voix.

Il pouvait venir à Strasbourg pour une exposition Tzara qui lui permettrait de lever des doutes, d’éclairer des hypothèses – et le soir au dîner donner avec moult détails la recette d’un foie gras réalisée par ses soins, faire joyeusement revivre une tranche d’histoire et se délecter jusqu’assez tard dans la nuit d’un Armagnac qu’il déclara inoubliable…

C’est entendu, je ne l’oublierai pas.


P. P.

Patricia Principalli, maître de conférences à l'Université de Montpellier