Joachim Levy, L’écriture de résistance de Louis Aragon : entre écriture de l’Histoire et ré-unification nationale, mémoire de Master, 14 juin 2011.
Joachim Levy, « L’écriture de résistance de Louis Aragon : entre écriture de l’Histoire et ré-unification nationale », mémoire de Master soutenu sous la direction de Dominique Massonaud, Grenoble, 14 juin 2011.
Ce mémoire se trouve sur le site DUMAS
La page de présentation, de la plume de J. Levy, provient de la même source :
« Le conflit de 1939-1945 marque un tournant décisif dans l’écriture de Louis Aragon. En effet, l’écriture poétique prend la forme d’un engagement patriotique. Qu’il s’agisse des poèmes composés durant la « drôle de guerre » et réunis en 1941 dans Le Crève-cœur, ou d’autres écrits pendant l’occupation nazie et assemblés en 1944 dans La Diane française, il s’avère que le poète dénonce le conflit et témoigne d’un lyrisme profondément marqué, provenant aussi bien de la souffrance d’être séparé de son épouse que des affres de la guerre. De quels outils Aragon met-il en œuvre dans Le Crève-cœur pour une écriture qui prend parti pour une révolte nationale ? Le retour aux formes fixes, ainsi qu’aux motifs médiévaux répondent à ce besoin. Ces procédés littéraires présupposent que les poèmes étaient davantage destinés à une élite qu’au grand public. L’écriture de contrebande de La Diane française, en revanche, est moins manifeste que Le Crève-cœur dans la mesure où la valeur engagée des textes se fait plus explicite. Les références à l’actualité plutôt qu’à l’histoire et à la culture française, de même que l’absence des formes fixes favorisent une esthétique moins hermétique et une plus grande efficacité. En effet, tout au long du recueil, l’écrivain n’a de cesse de dénoncer les crimes nazis et d’encourager les Français à s’unifier autour un but commun : la résistance. En dépit de références culturelles moins présentes que dans Le Crève-cœur, il faut ajouter que la résistance littéraire aragonienne est avant tout intellectuelle et confirme l’appartenance de l’auteur à l’Association de Écrivains et Artistes Révolutionnaires. À la lumière du Crève-cœur et de La Diane française, de quelle manière Louis Aragon met-il en œuvre l’écriture de contrebande pratiquée par les intellectuels résistants ? J’expliquerai dans un premier temps en quoi notre corpus apparaît comme un « miroir de l’Histoire », donc comment les multiples références historiques et contemporaines de l’auteur influent sur les poèmes. Ensuite, je démontrerai que les formes et les motifs littéraires hérités du passé et réinvestis dans les recueils réactivent une écriture poétique dont le but est de réunifier le pays. Enfin, il s’agira de mettre au jour les diverses voix du Crève-cœur et de La Diane française afin de mettre en avant la thèse qu’elles se présentent comme un porte-parole du poète, devenu figure collective et plus uniquement une voix singulière.»