« Aragon ou la main qui dessine », exposition à Aix en Provence, jusqu’au 13 mai 2012
L’Atelier de Cézanne à Aix-en-Provence lève le voile, jusqu’au 13 mai, sur 41 dessins inédits du poète Louis Aragon, une galerie de portraits d’êtres chers brossée au crépuscule de sa vie.
« A près de 85 ans, c’est la volonté d’un homme de se souvenir de ce qui a fait sa vie », résume Michel Fraisset, commissaire de l’exposition.
Aragon meurt le 24 décembre 1982. A la fin de sa vie, écrivant de moins en moins, il se livre à des croquis improvisés, inspirés le plus souvent de photos ou de gravures et « étrangement ressemblants, malgré la +maladresse+ bien connue de tous les dessins d’écrivains », selon les termes du romancier-poète Alain Jouffroy rapportés dans le catalogue.
Sans vers ni strophes, les 41 esquisses tracées à coups de crayon noir, avec ici et là des touches de couleur, apparaissent « irréelles et fantasmagoriques », « silhouettes improbables qui surgissent d’une mémoire enfouie », décrit l’écrivain Hamid Fouladvind, un proche d’Aragon à l’origine du projet.
« Il y a des tableaux dont le charme et la magie tiennent précisément dans le non-fini. Ils gardent avec la beauté de l’inachevé leur secret et leur mystère », commente-t-il encore.
« C’était un homme aux talents multiples qui a toujours dessiné, qui a toujours eu une passion reliant l’écriture à l’image, au graphique », confie M. Fouladvind à l’AFP. Dans les dernières années de sa vie, « nous avons eu l’idée de faire un livre avec son regard un peu introspectif sur son passé, ses amitiés et Aragon s’est pris au jeu ».
Dans le cadre bucolique de l’atelier-jardin où Paul Cézanne s’était installé en 1902, le parcours s’ouvre par un texte écrit de la main du vieil homme en hommage à Elsa Triolet, l’amour de sa vie.
Ensuite on découvre des autoportraits de lui à Trouville, des figures célèbres d’écrivains et de peintres: Shakespeare, Matisse, Desnos, Colette, Cocteau, Antonio Machado et bien d’autres encore. Clin d’oeil aussi à son engagement politique au sein du Parti communiste avec les portraits de Lénine et Maïakovski.
A l’étage, dans l’atelier où fut réalisé « Les grandes baigneuses », sont dévoilés d’autres dessins d’Aragon renvoyant aux thématiques de l’oeuvre de Cézanne, d’une vue de Rome à une reproduction d’une toile du Caravage, comme une « rencontre posthume entre le poète et le peintre ».
Ces oeuvres, présentées pour la première fois au grand public, avaient été rassemblées au début des années 1990 dans un recueil aujourd’hui épuisé.
« Aragon ou la main qui dessine » s’inscrit dans le cadre des rencontres du 9e art d’Aix-en-Provence, qui proposent 16 expositions gratuites à travers la ville, avec un moment fort du 13 au 15 avril, le week-end BD à la Cité du livre.
AFP/Par Anne BEADE AFP