[émission de radio] Lionel Follet sur France-Culture le 24 janvier 2012 à 0 h 00
Alain Veinstein reçoit Lionel Follet pour l’édition des Lettres à André Breton 1918-1931 de Louis Aragon (Gallimard), le 24 janvier 2012, dans son émission « Du jour au lendemain », à 0 h 00
Sur le site de l’émission :
Lionel Follet appartient à l’Équipe de recherche interdisciplinaire sur Aragon et Elsa Triolet. Il a publié notamment, d’Aragon, l’édition renouvelée de La Défense de l’infini (Gallimard, 1997 et 2002), et Papiers inédits, 1917-1931 (Gallimard, 2000, avec Édouard Ruiz).
Ces quelque cent soixante-dix lettres sont la chronique d’une amitié passionnée puis violemment rompue, en même temps qu’elles jalonnent un moment essentiel de la modernité du XXe siècle. Un premier ensemble réunit les lettres de 1918-1919, écrites du front, puis d’Alsace et de Sarre après l’armistice : médecin-auxiliaire jeté en première ligne, Aragon a vécu de près la tuerie mondiale, naufrage d’une civilisation d’où naît la révolte Dada. Ensuite affleure l’histoire agitée du groupe surréaliste, en particulier son entrée dans l’action politique en 1925. Enfin le «Congrès de Kharkov» de 1930 va sceller l’adhésion d’Aragon au communisme, et provoquer à terme sa rupture avec Breton.
Tant de noms au fil des pages témoignent d’une amitié née sous le signe de la littérature, et bientôt de sa critique radicale : Rimbaud puis Lautréamont, intercesseurs essentiels ; Gide et Valéry, tôt délaissés ; Apollinaire (sous un jour inattendu), Reverdy, «l’ange offensé» ; Soupault, le premier compagnon, puis Eluard, Desnos… ; et les alliés incommodes Tzara, Picabia…
Précieuses enfin sont les lettres où Aragon commente son esthétique, l’écriture du poème qu’il vient d’achever – ou analyse subtilement celui qu’il a reçu de Breton ; et celles où affleure déjà ce débat majeur entre eux, le roman.
Incisives, jamais apprêtées, ces lettres attestent la vérité de l’instant : à leur regard, on ne pourra plus écrire la vie d’Aragon ni lire son oeuvre tout à fait de la même façon.