Deux lettres manuscrites d’Aragon (1914?)

Publié par C. G. le

Deux lettres manuscrites d’Aragon sont en ligne sur le site consacré à Jean-Gustave Tronche, administrateur de la NRF ( Voir la 1ère lettre et voir la 2e lettre).

Sur ces documents, dont la datation n’est pas exactement établie, nous vous invitons à lire les remarques de Lionel Follet, membre de l’ERITA, dans une lettre adressée au webmestre du site jeangustavetronche.

« Monsieur,

J’ai découvert votre site grâce à celui de l’association ÉRITA (www.louisaragon-elsatriolet.org), et lu avec beaucoup d’intérêt les deux lettres d’Aragon que vous reproduisez. Mais je ne crois pas que la date de mai 1914 que vous leur assignez soit possible : à cette date, Aragon n’avait pas dix-sept ans, préparait son premier baccalauréat et ne pouvait connaître ni Madame Gallimard ni Jean-Gustave Tronche. Le ton même des lettres n’est pas d’un adolescent, tout précoce qu’il fût. Et pourquoi préciserait-il que son adresse est « Toujours » à Neuilly ?
Cet échange est beaucoup plus plausible à partir de 1920, quand Gide a recommandé Anicet à Jacques Rivière et Gaston Gallimard. La solution est simple : après son retour des États-Unis et la réouverture du Vieux-Colombier, Jacques Copeau a repris plusieurs fois La Nuit des Rois. C’est certainement à l’une de ces représentations qu’Aragon a assisté, et l’on peut même préciser laquelle. Il demande des places pour une semaine où la pièce est jouée le lundi et le vendredi, puis remercie un « mardi 14 » : en croisant le calendrier de 1920-1922 et la programmation du Vieux-Colombier, on trouve une seule possibilité pour cette double contrainte, en mai-juin 1921. Aragon écrit sa première lettre le vendredi 27 mai ; il voit La Nuit des Rois le lundi 30 ou (plus probablement) le vendredi 3 juin, et remercie le mardi 14 juin, « plus de huit jours » après.
Et dès lors, « Madame Tronche » est Suzanne Bonnière ; Aragon la connaissait depuis la Maison des amis des livres d’Adrienne Monnier, où il s’était abonné en 1916.

Avec mes sentiments cordiaux

Lionel Follet »

(avril 2008)

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