Aragon, Elsa et Rostropovitch

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La disparition du grand violoncelliste Msitslav Rostropovitch nous donne l’occasion de rappeler la belle amitié qui liait Rostropovitch à Elsa Triolet et Louis Aragon. L’Oeuvre poétique (note de la page 579, p.741 dans l’OP2) souligne la force de cette relation dont témoignent les nombreux séjours du musicien chez les deux auteurs au point qu’une de leur chambre, rue de Varenne, avait pris le nom de « chambre de Rostropovitch ». A la mort d’Elsa, en juin 1970, Rostropovitch joua la Suite n°5 de Bach près de la tombe du Moulin de Villeneuve. Aragon publia peu de temps après, dans le n° 1365 des Lettres françaises « Chant pour Slava », Slava étant le diminutif de Msitslav. Ce poème a été republié en 1978 dans L’Humanité (25 mars 1978) en hommage à un Rostropovitch qui venait d’être déchu de sa nationalité.
On trouvera sur le site de L’Humanité plusieurs articles sur cette longue amitié.

Voici le début et deux extraits de ce « Chant pour Slava »:

« Songer aux brumes de Russie
Où j’ai tant souffert, tant aimé
Qu’est resté mon coeur inhumé » (Pouchkine)
Ô soleil du chant dans la nuit Rien d’abord qu’une
Voix de couteaux aiguisé au tranchet de lune
Puis cela s’éveille s’avance s’aventure
Cela vient de partout comme un vent divisé
Le bel hiver arrive et les arbres sont nus
Mais les oiseaux mais les oiseaux depuis quand les oiseaux bercent-il ainsi le profond décembre

[…]

Ô diable de la musique
Fils du courage et de la folie
Salut à toi Slava par qui grâce à qui tout peut-être tout ne m’est pas tout à fait ôté
Toute beauté

[…]

OP2, tome VII, p.579 et suivantes.
Pléiade Poésie, tome II, p.1191 et suivantes.

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L. V.

Luc Vigier, maître de conférences à l'Université de Poitiers