Compte-rendu du séminaire ERITA du 21 octobre 2006

Publié par L. V. le

Compte-rendu du séminaire ERITA du 21 octobre 2006 1.Actualités Georges Aillaud évoque la mémoire de Jean Albertini et rappelle que des enregistrements radiophoniques d’une émission régulière qu’il animait sur « Radio Canuts » sont disponibles. Il se charge de préciser les modalités de paiement et de transmission auprès de notre trésorière, Patricia Richard-Principalli. L’association ERITA adresse ses condoléances à la famille et à la Société des Amis d’Aragon et Elsa Triolet au sein de laquelle il tenait un rôle important. Un courrier doit suivre. Reynald Lahanque signale la parution des mémoires de Pierre Juquin, De battre mon cœur n’a jamais cessé aux éditions de l’Archipel et annonce la probable parution d’un livre du même auteur sur Aragon au printemps 2007. Luc Vigier signale un livre d’entretiens de Finkielkraut chez Stock / Panama ( collection « Répliques »), Ce que peut la littérature, qui contient une conversation à trois sur Aragon, avec Daniel Bougnoux et François Taillandier ainsi qu’un ouvrage parascolaire que LV vient de publier chez Gallimard consacré au surréalisme (coll. « Bibliothèque Gallimard, août 2006). On signale également la parution d’un inédit d’Aragon, « Du pouvoir des mots sur les foules » dans la « Nouvelle Revue Française » n° 352, présenté par Daniel Bougnoux ainsi qu’un ouvrage synthétique d’Henri Godard en Folio, Le roman, mode d’emploi chez Gallimard ( coll. Folio). Lionel Follet rappelle qu’un débat initié par Henri Béhar via la liste de diffusion Mélusine lui a permis d’attribuer à Aragon le plaidoyer prononcé lors du procès Barrès qu’on a jusqu’ici attribué à Philippe Soupault. Maryse Vassevière annonce enfin le programme du colloque qu’elle organise en mars 2007 et auquel est officiellement associée notre équipe. Luc Vigier signale un colloque sur la transgénéricité du 16 au 18 novembre à Poitiers où l’on pourra entendre deux communications sur Aragon, l’une de LV, l’autre de Dominique Vaugeois (voir annexes de ce CR). 2.Communication de Marianne Delranc-Gaudric : « Elsa Triolet : La Valse des juges » À partir d’une recontextualisation génétique, historique et biographique précise, Marianne Delranc-Gaudric met l’accent sur la singularité de ce texte consacré au procès de Nuremberg, paru à l’origine dans Les Lettres françaises en 1946. A la fois reportage, témoignage et diatribe, le texte d’Elsa Triolet révèle toute l’horreur et le malaise que lui inspirent les témoignages d’anciens nazis (et en particulier ceux de von Chirach) mais également son dégoût à l’égard du comportement frivole ou festif des juges, journalistes et personnalités invités à Nuremberg. Ce qui apparaît, c’est un regard spécifique et terriblement lucide à l’égard de l’ambiguïté de la politique américaine en Allemagne, servi par une plume acerbe et souvent ironique où reportage et témoignage croisent leurs effets. 3.Communication d’Alain Trouvé : « Aspects de l’intertexte hugolien dans l’oeuvre d’Elsa Triolet » À l’occasion de la sortie de son étude La Lumière noire d’Elsa Triolet ( ENS éditions, 2006), version condensée et légèrement actualisée d’une thèse soutenue en 1993, Alain Trouvé, après avoir présenté les théories de la lecture littéraire qui ont orienté ses travaux de recherche sur Elsa Triolet, propose un exemple de ce que l’œuvre de cet auteur méconnu peut apporter à une compréhension des actes spécifiques de lecture en choisissant l’analyse de l’intertexte hugolien présent dans Les Manigances (1962) et Roses à crédit (1959). On assiste dans Les Manigances à un jeu d’allusions à Choses vues de Victor Hugo (via Porto-Riche) qui pourrait bien constituer une sorte d’art poétique propre à cette œuvre ( notations hyperréalistes, autobiographie, roman) tandis que l’on observe dans Roses à crédit une série d’implicites renvoyant à une poème d’Odes et ballades où l’on pourrait entrevoir une réponse au Victor Hugo choisi par Aragon. 4. Communication de Luc Vigier : « Aragon et la transgénéricité » À l’occasion d’un prochain colloque poitevin ( voir en annexe) sur la transgénéricité, Luc Vigier fait état d’une réflexion en cours dont voici un aperçu : à partir du corpus terminal des œuvres romanesques d’Aragon ( La Mise à mort, Blanche ou l’oubli, Henri Matisse roman, Théâtre /roman) et du corpus poétique ( Le Roman inachevé, Les Poètes, Le Fou d’Elsa qui explore lui aussi le domaine romanesque), on se propose d’interroger l’idée de genre romanesque telle qu’elle est abordée par Aragon dans une période marquée par le démon de la théorie (1950-1970) et le renouvellement bruyant du roman dont on espère qu’il soit « nouveau ». La transgénéricité étant une marque forte des œuvres envisagées, les diverses et nombreuses définitions qui tentent de tracer les contours du roman (genre indéfinissable par excellence) s’abreuve aux données de l’écriture de l’histoire, du poème, de l’autobiographie et du théâtre. Il n’est pas impossible qu’apparaisse aux détours des confrontations d’Aragon à la théorie littéraire des années cinquante et soixante, un esprit de dérision et de critique dirigé contre toute fixation théorique au profit d’une autonomie et d’une quête instinctive et indigène des données permettant de généraliser à partir d’une pratique (ce qui étonnera peut-être ceux qui se souviennent surtout d’un auteur qui n’est pas resté insensible à certaines directives idéologiques). Mais la pratique affichée, appuyée et proclamée de la transgénéricité (comprise ici comme passage d’un genre à l’autre et pensée de ce passage comme matériau romanesque, la théorie se trouvant convoquée comme genre), souvent ludique, souvent « fugueuse » n’échappe pas totalement aux débats théoriques et critiques de son temps, fournissant même aujourd’hui la matière première d’une approche encyclopédique des genres. On est ainsi constamment ramené au foyer d’une pensée qui brasse pour examen ou bien par dérision les concepts attachés traditionnellement au roman. La singularité de cette approche ne nous semble pas se limiter à une déclaration d’indépendance insolente ( ce qu’elle est sans doute aussi : voir les jeux d’Henri Matisse roman sur le mot « roman ») mais bien à une théorie de l’œuvre ouverte. Annexes Université de Poitiers / Maison des Sciences de l’Homme et de la Société
FORELL (E.A. 3816), composante B2
« Le Genre de travers : littérature et transgénéricité »

Colloque des 16, 17 et 18 novembre 2006


Programme prévisionnel

Jeudi 16 novembre
9h45 Ouverture : Claire Gérard (directrice de la M.S.H.S.) et Liliane Louvel (responsable FORELL B)
10h Présentation du colloque : Dominique Moncond’huy et Henri Scepi
10h15 Mireille HUCHON (Université de Paris IV-Sorbonne), « Sur “l’histoire fabuleuse” au XVIe siècle »
10h45 Emmanuelle HAY (Université de Poitiers), « Lorsque Goldoni et Alfieri s’écrivent : modulations et perversions des genres »
Discussion
11h30 Brigitte BUFFARD-MORET (Université de Poitiers), « Essai de définition de la chanson poétique (XVIe-XIXe siècle) »
12h Catherine COQUIO (Université de Poitiers), « L’écrit de rescapé comme genre »
Discussion
14h30 Aude MUSY (Université de Bordeaux III), « Mise en spectacle d’une déviation générique : les Nouvelles exemplaires de Cervantès »
15h Camille ESMEIN (Université de Nice-Sophia Antipolis), « Le roman au XVIIe siècle : de la transgénéricité à la reconnaissance générique »
Discussion et pause
16h15 Dominique RABATÉ (Université de Bordeaux III), « L’hypothèse du récit »
16h45 Luc VIGIER (Université de Poitiers), « La pensée du genre “roman” chez Aragon : dérision théorique ? »
17h15 Gustavo GUERRERO (Université de Picardie), « L’affaire de la Catira de Camilo Cela : littérature, genre et idéologie »
Discussion et pause
18h30
Rencontre avec un écrivain animée par Claude Murcia
Vendredi 17 novembre
9h15 Michel BRIAND (Université de Poitiers), « Les épinicies de Pindare sont-elles lyriques ? ou : Du trouble dans les genres poétiques anciens »
9h45 Isabelle JOUTEUR (Université de Poitiers), « Le procédé de la recusatio dans quelques élégies de l’époque augustéenne » Discussion et pause
10h45 Pierre LOUBIER (Université de Paris X-Nanterre), « L’élégie et les genres sous l’Empire et la Restauration »
11h15 Jean-Yves DEBREUILLE (Université de Lyon II), « L’inquiétude lyrique dans la seconde moitié du XXe siècle » Discussion
14h Bénédicte LOUVAT-MOLOZAY (Université de Montpellier III), « Au carrefour des genres : l’élaboration du modèle tragique français dans les années 1630-1640 »
14h30 Romain JOBEZ (Université de Poitiers), « Genre et horizon dramatique : Sophonisbe dans le théâtre français et allemand du XVIIe siècle »
Discussion et pause

15h45 Jean GOLDZINK (E.N.S. LSH, Lyon), « Beaumarchais, les genres et la critique »
16h15 Anouchka VASAK-CHAUVET (Université de Poitiers), « Drame bourgeois, genre bâtard ? »
Discussion et pause

17h30 « Le transgénérique »
Table ronde animée par Henri Scepi
avec Jean-Yves DEBREUILLE (Université de Lyon II), Pascal DURAND (Université de Liège), Philippe HAMON (Université de Paris III-Sorbonne nouvelle), Claude MURCIA (Université de Paris 7) et Christophe TRIAU (Université de Paris 7)


Samedi 18 novembre 9h15 Jacqueline DANGEL (Université de Paris IV-Sorbonne), « La lyrique monodique et chorale dans les tragédies de Sénèque : généricité traversière des âmes de travers » 9h45 Fernand DELARUE (Université de Poitiers), « Comment Cicéron adapte la théorie rhétorique à sa propre pratique »
Discussion et pause

10h45 Patricia GAUTHIER (Université de Poitiers), « Le roman du roman de Pascal Quignard : le Dernier Royaume ou le triomphe du “non-roman” »
11h15 Dominique VAUGEOIS (Université de Pau), « Classe transgénérique et genres transfuges : le statut des “écrits sur l’art” »
Discussion

14h30 Henri SCEPI (Université de Poitiers), « Hugo / Baudelaire : le grotesque et le débat du genre »
15h Arnaud BERNADET (Université de Franche-Comté), « Une prose chétive : le dit, le chant et la manière – Mémoires d’un veuf (1886) de Verlaine »
15h30 Pascal DURAND (Université de Liège), « Hugo et Mallarmé, La Fin de Satan et Un coup de dés : la destruction du genre »

Discussion

Clôture du colloque vers 17h

Documents joints


L. V.

Luc Vigier, maître de conférences à l'Université de Poitiers