Marguerite Bonnet, par Lionel Follet, 1993
Marguerite Bonnet nous a quittés le 18 mars 1993. Elle était connue de tous les chercheurs pour ses travaux sur André Breton et sur le Surréalisme, qui resteront une source de références irremplaçable, en même temps qu’un modèle de méthode, d’intuition aiguë et de jugement sûr. On lui doit en particulier André Breton, Naissance de l’aventure surréaliste (José Corti, 1975), et la publication, en cours, des Œuvres complètes de Breton dans la Bibliothèque de la Pléiade : un trésor d’érudition et de mise en perspective des textes, dont elle avait mené à bien les deux premiers volumes, avec ses collaborateurs Étienne-Alain Hubert, Philippe Bernier et José Pierre, à qui revient désormais d’achever l’œuvre entreprise.
Marguerite Bonnet avait rendu visite à notre Fonds CNRS dès son ouverture, pour y consulter les lettres et manuscrits d’André Breton qu’avait conservés Aragon, mais aussi pour nous aider à identifier une écriture, à dater un document… Elle n’hésitait jamais à prendre sur son temps pour répondre à toutes les demandes avec une chaleureuse attention, et savait établir un dialogue ouvert et exigeant à la fois, unissant la plus grande rigueur intellectuelle à un respect d’autrui qui n’était pas complaisance. Elle aura été pour plusieurs d’entre nous une interlocutrice exemplaire : on avait le sentiment que se renouait à travers elle, sereinement, fermement, sans outrances vaines, le dialogue rompu entre Breton et Aragon.
Nous serons nombreux à conserver d’elle l’image d’une très grande dame de la recherche, et à retrouver dans ses écrits sa présence vivante.
Lionel Follet