Compte-rendu par Hervé Bismuth de : Marjolaine Vallin, Louis Aragon, La Théâtralité de l’œuvre dernière
Marjolaine Vallin : Louis Aragon, la Théâtralité de l’œuvre dernière. « Ce théâtre que je fus que je fuis », L’Harmattan, 2005.
Cet ouvrage provient d’une thèse soutenue en 2003 : la relation obsédante qu’entretenait Aragon avec le théâtre, relation paradoxale de la part d’un auteur l’ayant si peu fréquenté en tant que genre littéraire, méritait au moins une thèse. Cette étude a choisi de concentrer sa portée sur la « dernière » partie de l’œuvre d’Aragon, une « dernière » partie dont les frontières ne sont pas exactement celles de la « troisième carrière » que Pierre Daix fait depuis une trentaine d’années commencer en 1956. Le choix par Marjolaine Vallin de la date de 1953 et du Neveu de M. Duval pour démarrer cette dernière période lui permet de la placer sous le signe d’une relative cohérence poétique.
L’intérêt de cette étude réside dans le fait qu’elle aborde aussi bien la théâtralité comme choix symptomatique d’un mode de discours prégnant dans l’oeuvre, recourrant aussi bien au dialogisme énonciatif qu’à l’écriture didascalique, que le théâtre comme signifiant polysémique chez Aragon, qu’il soit ou non « intérieur », et les mythes en provenance de l’univers du théâtre qui habitent l’œuvre, tel celui de Faust. La troisième partie de l’ouvrage détaille les enjeux de cette prégnance du théâtre dans l’œuvre, un théâtre qui place cette œuvre dans la modernité d’un siècle travaillé par le Nouveau roman et le Nouveau théâtre : on ne s’étonnera pas de trouver au nombre de ces enjeux la quête narcissique d’une identité perdue.
On retiendra, au nombre des annexes, la liste et les références, dans la période étudiée, de l’intertextualité aragonienne provenant d’œuvres dramatiques, françaises et étrangères.
Hervé Bismuth