Jeudi de l’Institut du Monde Arabe ( Le Fou d’Elsa)

Publié par H. B. le

Rencontres et débats

Les Jeudis de l’IMA
Un espace de réflexion et de débat autour des cultures et des savoirs du monde arabe.

Jeudi 10 février 2005
18h30, Salle du Haut Conseil.

Majnûn Leïla, Le Fou d’Elsa ou la raison de l’amour fou .


Lecture-débat en écho au spectacle Le Fou d’Elsa donné au théâtre de la Colline.

Louis Aragon publie Le Fou d’Elsa, monument de la poésie lyrique française, en 1963. Il a composé son œuvre dans l’ombre morale de la fin douloureuse de la guerre d’Algérie. Ce poème de circonstance – comme toutes les œuvres d’Aragon – fait le récit de la chute de Grenade en 1492, et l’évocation de cette grande brisure entre Nord et Sud, entre Islam et Occident, entre Arabes, Juifs et Chrétiens fait résonner d’autres guerres, d’autres défaites. Les spectres d’Aragon sont les nôtres : juin 40 en France, août 36 à Grenade, la guerre du Rif oubliée au lendemain de la grande tuerie de 14-18 qui inaugure le XXe siècle. L’effondrement du rêve nasride s’offre aussi en miroir à celui, patent depuis la sinistre année 1956 (intervention en Hongrie au lendemain du XXe Congrès du PCUS), de l’utopie communiste.
Ce jeu de miroir et de perspectives s’inscrit dans le corps même de la langue, il la traverse de part en part. Il y a bien sûr le grand face-à-face entre Poésie et Histoire. Mais il y a aussi de manière plus secrète, et peut-être d’autant plus vertigineuse, la guerre pacifique, le conflit des mots et des images, le jeu des emprunts, des renvois et des influences à l’intérieur même du poème. Guerre ou chorégraphie ? Notre sujet pour ce Jeudi de l’IMA : la joute poétique. Le Fou d’Elsa sera le point de départ de notre rencontre. L’enjeu de cette joute poétique est triple : elle est à la fois métaphore de la guerre, méthode de résolution des conflits et lieu d’invention de la langue. Notre question : repérer ces figures de la joute, saisir comment elles s’accordent dans la fiction du poète et sur le terreau réel de notre histoire.

Avec:
David Lescot, auteur, metteur en scène et musicien et Anne Torrès, élève à l’école du Théâtre National de Strasbourg, elle fonde en 1987 « La Compagnie Mimosa ». Depuis, elle a mis en scène des textes de Jean Magnan, Eugène Durif, Corneille ou encore Machiavel…Elle est l’auteur notamment de L’Auberge du jet de la baleine, Miss Nobody.

Débat animé par:
Marc Dondey, est le dramaturge du spectacle Le Fou d’Elsa. Il a été codirecteur du Théâtre des Amandiers à Nanterre, après Jean-Pierre Vincent, et dirige actuellement l’Unité nomade de formation à la mise en scène du conservatoire national d’art supérieur d’art dramatique de Paris.


H. B.

Hervé Bismuth, maître de conférences à l'Université de Bourgogne